• Arthur Koestler - Spartacus

    Arthur Koestler - Spartacus

    Arthur Koestler - Spartacus

    Ce roman-ci, j'en garde un souvenir très partiel. Je me souvenais de la fin, Spartacus, acculé par Rome. Mais je me souvenais surtout où et quand je l'avais lu. Ce fut lors de nos premières vacances avec Claire. Partis en stop et avec sac-à-dos en Corse, j'avais dans mon pris dans mon barda au milieu des vêtement, de mon sac de couchage et de mon appareil photo jetable ce roman. Nous avions été pris à un moment par des parisiens qui avaient reconnu en nous leur ancienne jeunesse. Ils nous avaient hébergé sur le terrain pendant deux jours. Nous étions épuisés. Arrivés chez eux, Claire qui s'était allongée dans un hamac me disant que ce n'était pas très confortable s'y était endormie pour une sieste de deux heures, moi, j'avais dévoré le roman. Je ne sais pas où est passée cette édition mais elle devait être bien abîmée...

    Spartacus est un roman historique. C'est un roman historique mâtiné de contemporanéité. C'est Spartacus à la sauce du communisme. C'est Spartacus, gladiateur qui fuit Rome avec d'autres combattants pour créer une société égalitaire, la Cité du Soleil.

    Je ne connais pas l'histoire réelle de Spartacus. Il ya de fortes chances que le cadre offert par Koestler est historique. Mais ce qui importe c'est ce que Koestler y met. C'est le récit d'une tragédie humaine, d'un idéal condamné dès le début parce que l'homme est l'homme. Les désirs de l'essénien que Spartacus rencontre au début se fracasseront contre le mur de l'histoire et de l'homme.

    Les troupes, les esclaves que Spartacus rallient à lui, combattent, construisent. Spartacus organise, commande, s'allie avec Mithridate, avec les pirates contre Rome. Mais davantage que l'époque, ce qui va annihiler la Cité du Soleil et les hommes qui souhaitaient se constituer société d'égaux, c'est eux-même: leur incapacité à s'organiser, leurs propres désirs mortifères, leur désir de liberté qui qui ne peut concurrencer leur désir de tranquillité, la violence de certains...

    Spartacus est à peine un personnage. Il est le prototype du révolutionnaire dépassé par sa cause, entre organisation et idéal. Entre espoir et fatalité.

    Koestler nous a écrit un beau roman historique qui s'inscrit dans le siècle (l'autre) et nous offre des pages d'une incroyable lucidité sur les aspirations de l'homme et son incapacité à surseoir à ce qu'il est.

    « Telles étaient les lois édictées par Spartacus pour gouverner la Cité du Soleil. Elles étaient à la fois nouvelles et aussi vieilles que le monde. Dès le commencement des travaux, on avait mis au jour les ruines de l’antique Sybaris, des murailles rongées par le temps, des poteries d’argile, des amphores brisées qui dataient de l’époque de Saturne, de cette époque après laquelle soupirent les peuples. On avait découvert aussi des inscriptions où il était question de Lycurgue et de Sparte, de ses greniers et de ses réfectoires. Or, les lois de Spartacus et ces inscriptions rongées par le temps n’étaient-elles pas une seule et même chose, l’esprit d’un peuple, l’esprit des ancêtres lointains des citoyens de Thurium ? Et ceux-ci, qui se pressaient devant les portes interdites et suivaient avec des hochements de tête les progrès de la Cité du Soleil, se remémoraient soudain les souvenirs d’une époque disparue et ressentaient une étrange émotion. Ils se rappelaient le bon roi Agis, l’île des Panchas et les utopies de Platon qu’ils avaient lues à l’école avec cet ennui attendri, avec ce détachement ému et souriant qui s’empare du présent quand il se penche vers le passé. 

    « Maintenant, ces vieilles légendes ressuscitées leur semblaient à la fois sublimes et poudreuses. Toutefois, ils ne discernaient pas le lien qui les unissait au présent. Que le prince thrace – si toutefois c’était un prince et non un gladiateur évadé –, que ce Thrace eût surgi du néant, qu’il eût battu les Romains et qu’il eût construit une cité où ces rêves d’autrefois devenaient une réalité d’aujourd’hui, voilà qui, en vérité, dépassait leur imagination.
    Cependant la ville s’élevait entre ses quatre murs rectilignes. Ses lois étaient nouvelles, justes, inexorables. Là-haut sur la colline se dressait la tente de l’imperator qui les avait promulguées mais, dans un renfoncement du mur, près de la porte septentrionale, se dressaient aussi les croix pour ceux qui les enfreindraient. Tous les jours, des hommes mouraient au nom de l’intérêt commun, maudissant dans leur agonie la tente voilée de pourpre et l’État du Soleil. »

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