• J. LACROIX, J-Y. PRANCHERE - Les droits de l'homme rendent-ils idiots?

    J. LACROIX, J-Y. PRANCHERE - Les droits de l'homme rendent-ils idiots?

    Derrière ce titre provocateur se trouve un ouvrage en défense des droits de l'homme qui tente de répondre aux critiques (Marcel Gauchet est souvent cité) qui font des droits de l'homme un facteur iatrogène de la maladie citoyenne que certains font émerger: bêtise, violence, individualisme.

    L'ouvrage est court et pêche par son épaisseur. Le débat mérite certainement un peu plus d'exhaustivité.

    Et l'écueil sur lequel s'échouent les auteurs c'et sur la responsabilité du "néolibéralisme" dont ils donnent la définition suivante : "discours qui rompt avec le libéralisme classique en ce qu'il ne se contente plus d'affirmer les droits de la société civile contre l'Etat, mais fait du marché la forme de toutes les activités sociales".

    Si on peut considérer à juste titre que la critique des droits de l'homme est une critique pauvre de notre société considérée comme trop individualiste, sur l'autre versant, accuser un "discours" d'être responsable des mêmes maux me semble faire preuve du même ressort: le monocausalisme.

    Bien sûr les auteurs, à juste titre rappellent que les droits de l'homme (1789? 1793? 1948?) sont les garants de nos démocraties. Je rajouterai même de nos démocraties modernes tant le terme de démocratie peut être galvaudé. La notino même de démocratie évoluant avec le temps, les cultures et les justifications politiques des uns et des autres. (pensant aux démocraties populaires ou à l'extrême gauche faisant un procès en fascisme à nos démocraties).

    Bref, un ouvrage court qui permet de mettre un peu en perspective la trop facile critique contre le "droitdelhommisme" mais qui ne parvient pas totalement disculper à ces "droits de l'homme" qui dans notre société hypercomplexe, détraditionnalisée, de loisirs peuvent aussi être facteur de dissension. Une sorte de concept ambivalent à une époque où ces droits de l'homme ne sont plus à conquérir mais déjà acquis.

    Pour eux, en conclusion, il faut dorénavant que ces droits de l'homme "devraient être le nom d'une politique de la solidarité, qui ne se contente pas de compenser l'exclusion sociale par des mécanismes d'assistance mais qui lie les libertés civiles et politiques à une reprise de la question sociale au sens plus large, incluant les conditions du vivre-ensemble et donc la construction d'un monde commun où puisse s'épanouir l'individualité de tous."

    Et l'on retrouve certaines tartes à la crème actuelles: "solidarité", "exclusion sociale", "assistance", "vivre-ensemble". Il est même question d'épanouissement!

    Donc pour les auteurs, il faudrait encore proposer de l'ingénierie sociale pour compenser les tendances actuelles de notre société. C'est une pétition de principe sur des postulats plus que mouvants. Plus qu'une défense des droits de l'homme, cet opuscule est davantage un maigre programme politique d'où (contradiction) l'individualité de tous doit pouvoir s'épanouir hors de sa propre responsabilité individuelle. Avec une telle logique, pas sûr que les pourfendeurs des droits de l'homme sortent convaincus de cette lecture.

    « Roger MARTIN DU GARD - Les Thibault 4ème partiePierre MILZA - "L'année terrible" »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :