• Jared Diamond - Le troisième chimpanzé

    Jared Diamond - Le 3è chimpanzé

    Puisque les grands singes (apes) font partie de la même famille taxonomique, qu'ils se sont tous séparés depuis -seulement- quelques millions d'années et parce que nous partageons 98,4% des gènes des chimpanzés et bonobos et que nous partageons 97,6% de nos gènes avec le gorille, nous sommes donc plus proches des chimpanzés que des gorilles.
    Par conséquent le plus proche parent des chimpanzés n'est pas le gorille mais l'homme.

    C'est par cette petite leçon de décentration, d'humilité que Jared Diamond commence son essai. Nous nous sommes séparés de la lignée des pan (chimpanzés et bonobos) il y a moins de 2 millions d'années.
    C'est pourquoi il n'est pas étonnant que nous partagions nombre de comportements. C'est pourquoi, il n'y a pas de propre de l'homme, animal parmi les animaux avec ses spécificités.

    C'est un livre dense, non pas parce que le propos est compliqué (c'est à la portée de tous) mais parce que nombreux sont les domaines abordés. Il y est question de sexualité, de "l'unicité" de l'homme, de la façon dont il s'est répandu sur la terre et de la manière dont il se met en danger. On y retrouve certains thèmes qui seront développés plus tard dans d'autes essais dont de l'inégalité parmi les sociétés)

    Il y a au début de l'ouvrage beaucoup de sociobiologie évolutive: pourquoi, à la lecture de notre histoire évolutive l'homme possède tel comportement plutôt qu'un autre?
    Ainsi, il est question de nos modes reproduction (notion de couple), de la science de l'adultère, sur quelle base se fait le choix du conjoint (souvent une grande ressemblance avec les modèles connus dans l'enfance à l'exception des enfants en bas âge pour éviter l'adultère. L'adultère n'est donc pas un principe moral mais fait partie de notre code développemental.)

    Dans une autre partie, Diamond va discuter de certains points qui semblent faire de l'homme une espèce à part, à savoir le langage, l'art, les drogues.
    Pour lui, les arts se sont particulièrement développés chez l'humain car il a réussi à se dégager du temps libre en organisant sa vie en n'ayant pas à se procurer continuellement de nourriture (la pratique artistique a été observée chez des animaux en captivité, laissés à l'oisiveté)
    Nombre de ses raisonnements se font en comparaison avec les animaux (l'éthologie est vraiment une science de l'humilité)

    Un point intéressant qu'il discute aussi c'est notre place dans l'univers: la formule de Green Bank (sur des postulats probabilistes) énonce la fait qu'il existerait nombre de planètes susceptibles d'abriter, tout comme la terre, une espèce capable de maîtriser les ondes-radio. (parce que quelque part, c'est le seul média rapide que nous sommes capables d'envoyer dans l'espace pour éventuellement communiquer avec des exobiologies). Or Diamond, par le principe de convection et aussi par analogie nous montre qu'il est peu probalbe qu'une forme de vie intelligente (comme nous) ait réussi à se développer ailleurs. En effet, ce n'est pas parce que des conditions sont similiares que l'évolution procède par développement homologique. Tout comme sur la terre, malgré des condtions parfois similaires sous certaines latitudes, certains développements n'ont pas eu lieu (à l'instar des pics qui ne se sont pas appropriés certaines îles). D'ailleurs, au vu de l'âge de la terre (4 milliards d'années) où 99.9% des espèces ayant vécu ont disparu, nous ne maîtrisons les ondes-radio que depuis un siècle. D'ici d'ailleurs à ce que nous disparaissions sous peu...

    Puis Diamond, va traiter de la manière dont nous avons conquis le monde, dont nous avons à la fois procédé à des génocides (grands principes de notre xénophobie, puisque nous fonctionnons par catégorisation, il y a une certaine fatalité à ce qu'il y ait nous et les autres), où des groupes ont effectué des meurtres de masses. Ce trait, d'ailleurs ne nous est pas propre. Les grands singes pour des raisons souvent territoriales tuent les groupes concurrents. Le mythe des premiers hommes pacifiques, ou des civilisations premières vivant en paix en prend d'ailleurs un sacré coup.

    Et dans le dernier chapitre qui rejoint la 6è extinction, Diamond nous raconte la propension de notre espèce à détruire les autres espèces depuis la nuit des temps. Il reprend la thèse selon laquelle où qu'il soit allé, l'homme détruit les grands mammifères (mammouth, rhinocéros laineux mais aussi les grands mammifères d'Amérique). Il nous dit même (et ce sera l'objet d'Effondrement) que nombre de civilisations passées se sont effondrées parce qu'elles ont détruit leur environnement favorisant la désertification, le ruissellement et donc la disparition de leurs ressources.

    L'ensemble est assez tragique. Et je ne suis pas loin de partager son avis, mais comme nombre d'auteurs qui détaillent nos mauvais penchants, il ne peut s'empêcher de se montrer optimiste quant à la capacité de notre espèce de surmonter ses défauts inhérents. Qu'il est difficile d'endosser le rôle de Cassandre. Il pense que la communication de masse, le mélange des cultures favorisera la fin des xénophobies par exemple. Je suis plus que dubitatif.

    Pour conclure, je dirais que nous aurons beau faire de la politique, de la psychologie, de la philosophie pour tenter de changer le monde, tant que nous ne connaîtrons pas nos mécanismes (grâce à l'histoire, la sociobiologie évolutive, la cognition comparée) nous ne ferons que réinventer l'eau chaude à chaque génération.
    Quelque part, il est vain de faire de la philosophie basée sur des spéculations sans connaître les tendances (historiques, biologiques). Seule la connaissance de nos mécanismes (également cognitifs) peut nous aider à les dompter voire à les surmonter.

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