• Maurice GODELIER - L'énigme du don

    Maurice GODELIER - L'énigme du don

    Après avoir lu MAUSS (Essai sur le don), je voulais approfondir un peu la question du don, du principe de l'échange de biens non monétaires qui pose des questions intéressantes en ce que l'objet finit par être plus que ce qu'il est. D'où la lecture de ce livre.

    le livre est difficile à lire. Il est (mais tant mieux finalement) de référence à des études d''anthropologues divers en Nouvelle-Guinée, en Papouasie, il est fait référence à Mauss bien sûr mais aussi à Malinowski. ON évoque des pratiques de don et Godelier essaie de faire émerger des lois sur les objets échangés, données, reçus, rendus.

    L'architecture du livre est intéressante, composée en trois parties: le legs de Mauss, des objets substituts, le sacré. Godelier discute d'abord des recherches récentes sur le don don et vient mettre en perspective les recherches de Mauss, puis il réfléchit à la question des objets aliénables, inaliénables (ceux qui ne sont pas donnés) sur leur valeur intrinsèque et vient conclure son objet sur le sacré, c'est-à-dire toute la symbolique, tout ce qui est incarné dans l'objet qui rend le don si spécifique. l'objet est alors davantage qu'un simple bien matériel mais vient se faire incarner des individus, des mythes...

    Et c'est que je trouve que la thèse pèche. Il y est question de symbole. Et alors l'auteur s'oriente vers une interprétation psychanalytique, lacanienne (pourquoi pas puisqu'on est dans le symbole et le langage) mais cela n'a rien de scientifique. C'est essentiellement spéculatif. A aucun moment Godelier ne va traiter le don à travers notre fonctionnement cognitif. Pourquoi échanger? Pourquoi recevoir après avoir donné et pourquoi rendre après avoir reçu? Il ne parle ni d'empathie, ni d'altérité, ni de neurones miroirs. A trop rester dans la langage, il me semble que Godelier oublie notre simple matérialité.

    J'ai aussi été surpris que dans la partie sur le sacré, il ne soit jamais fait référence à Mircéa Eliade.

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  • Commentaires

    1
    Marie
    Lundi 20 Juillet 2020 à 13:22

    Le livre est de 1996 ... la mise en évidence des neurones miroir chez l"homme c'est au début des années 2000 de mémoire. Peut être déjà un élément de réponse à tes questions

      • Mardi 21 Juillet 2020 à 05:26

        Merci pour la réponse. C'est une piste intéressante.

        Je ne considère pas que ce serait une "faute" de l'auteur. Après tout, c'est sa grille de lecture et il est un homme de son temps. Mais, je suis convaincu qu'avant 1996, il y avait déjà des recherches orientant les relations interindividuelles autrement qu'à travers un prisme langagier voire symbolique qui est très important dans notre langage.

        Il y a des chances aussi que cela montre ce qu'est l'air du temps en France à cette époque et l'école anthropologue française.

    2
    Marie
    Lundi 20 Juillet 2020 à 13:23

    "Les neurones miroirs sont considérés comme une découverte majeure en neurosciences. Si, pour certains chercheurs3, ils constituent un élément central de la cognition sociale (depuis le langage jusqu'à l'art, en passant par les émotions et la compréhension d'autrui), pour d'autres4, ces conclusions restent très hypothétiques quant au rôle de ces neurones dans ces processus psychologiques. Le rôle de ces neurones pour la cognition sociale humaine aurait ainsi été largement surévalué 5."

    (Bon c'est Wikipedia)

      • Mardi 21 Juillet 2020 à 05:27

        C'est bien Wikipédia quand même.

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