• Ray Bradbury - Farenheit 451

    Ray Bradbury - Farenheit 451

    Lu une première fois il y a looooooongtemps. Et je m'en souvenais peu. Il me restait juste l'idée de ces livres brûlés. Je ne me souvenais plus du pourquoi...

    Ray bradubury a écrit ce livre en 1953, huit ans après la seconde guerre mondiale, les autodafés des nazis, pendant la guerre froide, 31 ans après l'expulsion d'intellectuels par Lénine.Mais ce n'est pas ce contexte-là qui domine le roman. Si la crainte d'une guerre nucléaire est présente en arrière-fond, c'est davantage la société de consommation qui est le moteur de ces pompiers pyromanes (firemen en anglais) et qui brûlent les livres désormais interdits.

    Et ce n'est pas un Etat totalitaire qui a instauré ces nouveaux bûchers. Non. C'est la société elle-même qui toujours en recherche du plaisir a mis à l'index les oeuvres littéraires toujours promptes à déranger, questionner...

    Cela donne lieu au milieu du livre à un passage lumineux où le supérieur de Montag (pompier) de lui dire la raison de ces autodafés. Ray Bradbury n'a pas eu toutes les intuitions d'un futur promis au loisir, aux "phénomènes de masse" mais il avait déjà eu l'intuition de certains penchants d'une société où le télévisuel prendrait une place folle préfigurant la télé-réalité (la famille, sorte d'émission), les casques audio (les coquillages-radio), la publicité omniprésente, les écrans à gogo qui tapissent les murs des maisons, la pornographie et même de AIRBNB ou de la dictature des minorités (au sens de Bronner) ...

    « Davantage de sports pour chacun, esprit d’équipe, tout ça dans la bonne humeur, et on n’a plus besoin de penser, non ? Organisez et organisez et super-organisez de super-super-sports. Encore plus de dessins humoristiques. Plus d’images. L’esprit absorbe de moins en moins. Impatience. Autoroutes débordantes de foules qui vont quelque part, on ne sait où, nulle part. L’exode au volant. Les villes se transforment en motels, les gens en marées de nomades commandées par la lune, couchant ce soir dans la chambre où vous dormiez à midi et moi la veille.  »

     

    « Rien de plus naturel ni de plus simple à expliquer. Le système scolaire produisant de plus en plus de coureurs, sauteurs, pilotes de course, bricoleurs, escamoteurs, aviateurs, nageurs, au lieu de chercheurs, de critiques, de savants, de créateurs, le mot “intellectuel” est, bien entendu, devenu l’injure qu’il méritait d’être. On a toujours peur de l’inconnu. Vous vous rappelez sûrement le gosse qui, dans votre classe, était exceptionnellement “brillant”, savait toujours bien ses leçons et répondait toujours le premier tandis que les autres, assis là comme autant de potiches, le haïssaient. Et n’était-ce pas ce brillant sujet que vous choisissiez à la sortie pour vos brimades et vos tortures ? Bien sûr que si. On doit tous être pareils. Nous ne naissons pas libres et égaux, comme le proclame la Constitution, on nous rend égaux. Chaque homme doit être l’image de l’autre, comme ça tout le monde est content ; plus de montagnes pour les intimider, leur donner un point de comparaison. Conclusion ! Un livre est un fusil chargé dans la maison d’à côté. Brûlons-le. Déchargeons l’arme. Battons en brèche l’esprit humain. Qui sait qui pourrait être la cible de l’homme cultivé ? Moi ? Je ne le supporterai pas une minute. »

    1953. Le roman a 67 ans...

    A (re)lire.

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