• Richard Dawkins - le Gène égoïste

    Richard Dawkins, le gène égoïste, 1976, révisé en 1989.

    Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai parfois l'impression d'arriver après la bataille. Je ne  dirai pas que ce livre est un chef d'oeuvre révolutionnaire, n'ayant pas les compétences scientifiques pour en faire un panégyrique. Néanmoins, il semblerait que cet ouvrage qui date d'il y maintenant 41 ans (comme moi...) ait fait plus que du bruit dans les milieux concernés.

    Dawkins est un néodarwiniste. C'est-à-dire qu'il considère pour juste la théorie de la sélection naturelle dans le processus de l'évolution mais qu'il essaie de l'adapter au vu des connaissances actuelles.

    Jusqu'ici, les discours, les théories étaient émises en tant que sélection par le groupe ou l'individu, de sorte que c'étaient l'individu ou les individus en tant que groupe qui étaient considérés dans les mécanismes. Il s'agissait de dire "l'individu agit et s'adapte pour sa propre survie."
    Dawkins, lui, réfléchit en amont. Pour lui, plus que le groupe, plus que l'individu encore, c'est le gène qui prime. Il nous dit qu'il faut penser le gène comme entité première qui fonctionne, "agit" pour sa propre réplication, d'où le titre.

    En gros (pour de la finesse, il faut lire le livre), le gène est considéré comme un réplicateur qui finalement ne fonctionne que pour: se reproduire, se pérénniser. Nous, les individus, ne sommes que des vaisseaux, des "machines géniques" selon Dawkins, en quelque sorte éléborés par les gènes, pour nous reproduire et par-là même leur permettre une certaine perduration.

    Je trouve que c'est de la vulgarisation pointue.
    Tout d'abord la langue est celle de Dawkins, assez claire dans son vocabulaire, parfois emprunte d'humour.
    La difficulté de la vulgarisation, c'est qu'elle emprunte souvent le biais de la métaphore pour expliquer. Cependant avec Dawkins, le contrat est clair, il nous dit qu'il s'agit d'une métaphore et n'hésite pas à nous dire que lorsque celle-ci ne sera plus juste, il en changera. Il en va de même avec les verbes qui tendent à la personnification des gènes qui pourraient laisser croire à une intentionnalité de leur part. Mais connaissant son discours, il n'y a pas de doute à avoir. Ces verbes ont valeur explicative et non objective.

    Il utilise la théorie des jeux à somme nulle ou à somme non nulle (ce que cela a pu être difficile pour moi, je me dis qu'il m'aurait peut-être fallu des équations) pour modéliser le fonctionnement de certains gènes, pour expliquer comment certains d'entre eux dans un certain modèle peuvent être voués à l'échec ou comment d'autres peuvent se comporter face à d'autres gènes concurrents pour finalement "gagner" et se répliquer avec une certaine permanence. L'égoïsme du gène passant d'ailleurs parfois par l'altruisme. (la semblante contradiction est assez jubilatoire d'ailleurs)

    Le livre paraît à certains moments assez spéculatif mais il nous dit que des expériences ont été menées pour prouver certaines théories. Faisons-lui confiance. Dans certains cas, modélisés ou non, ou simplement expliqués, son raisonnement paraît juste. Il y a aussi un passage intéressant qui émet l'hypothèse que certains réplicateurs sont capables de créer de créer des symptômes pour juste pouvoir circuler de machines en machines (la grippe ou la rage par exemple.)

    Dans certains chapitres, il va traiter des relations humaines et des intérêts égoïstes qui mènent à certaines attitudes relatinos entre frères et soeurs, dansles familles en fonction du ratio de gènes partagés, entre parents et enfants). L'ensemble peut paraître parfois cynique, un peu mécanique, mais cela tient debout.

    En tout cas, je trouve le propos vivifiant. Il permet de penser le fonctionnement du vivant au-delà du fameux JE me bats (en tant qu'individu) pour pour pérénniser mes gènes ou NOUS (en tant qu'espèce ou groupe) pour notre propre survie (passant par l'adaptation). Il me paraît évident à travers ce livre que tout un tas de mécanismes nous échappent. Dawkins, sentant peut-être la critique pouvant arriver (et qui finit par arriver) a placé quelques pagraphes sur notre culture qui semble pouvoir modérer les penchants égoïstes de nos gènes.
    Ce livre permet de penser autrement, d'utiliser une autre grille de lecture des comportements.

    À lire

    [Si certains ont des lectures liées qui me permettraient de mettre à jour ces infos datées maintenant de quelques décennies, je les veux bien. D'autant que certaines polémiques ont vu le jour. cf la page wikipédia.]

    « photo panoramique Carnacépervier »

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