• Stéphane DEBOVE - Pourquoi le cerveau a inventé le bien et le mal

    Stéphen DEBOVE - Pourquoi le cerveua a inventé le bien et le mal

    J'ai découvert Stéphane Debove grâce à ma période un peu zététique. Des vidéos de vulgarisation scientifique ont essaimé sur la toile parlant des biais et autres sujets qui m'intéressaient comme l'évolution par exemple. Parmi toutes les personnes qui ont mis des choses en ligne, il y avait Stéphane Debove, se filmant dans un pré entouré de moutons et nous parlant des origines naturalistes de la morale. Ce n'était pas de "simples vidéos" d'un youtubeur plus ou moins informé, mais de vidéos pédagogiques sur sa thèse. C'est donc imprimé en bandeau sur la couverture (je déteste ça, je trouve cela très laid), sa chaîne c'est homo fabulus. Je vous conseille d'aller les regarder ou d'aller écouter ses vidéos quand vous faites du repassage par exemple ou du rameur.

    Cet ouvrage, c'est donc sa thèse, d'abord vulgarisée en vidéo puis rédigée sous format papier. Très bonne idée. C'est même un peu plus que cela puisque c'est bien sûr plus complet.

    L'avantage en 2021, c'est qu'on peut aussi s'adresser à l'auteur via son compte facebook pour lui demander s'il n'a pas été trop difficile de se résigner à un titre aussi dualiste, aussi biaisé. Et il peut même répondre. (Et puis, il répond à la question dans les premières pages de l'ouvrage)

    Stéphane Debove est un bon vulgarisateur, inspiré peut-être par une certaine littérature scientifique américaine. Il s'adresse au lecteur, lui fait faire des petites expériences, lui demande de rédiger certaines représentations pour ensuite revenir dessus et termine chaque chapitre par une synthèse.

    On pourrait presque craindre que la façon dont il présente son propos sera trop simplificateur. Il n'en est rien. Cette , cette familiarité avec son lecteur fait la part belle à une mise en réseau de concepts qui lui permettent de développer sa thèse de façon démonstrative par élimination et par proposition tout en se gardant bien d'avoir l'orgueil de proposer une réponse définitive à la question: d'où vient la morale? ou plutôt d'où vient le sens moral. Il ne s'agit pas tant des différentes normes qui règlent tant bien que mal la vie en collectivité dans un groupe plus ou moins homogène mais de ce pré-cablâge (comme le langage) qui fait que l'individu va se composer un algorithme entre input et output. La morale étant ce qui fait que nous avons certaines réponses (tel le système 1 de Kahneman) qui fait que spontanément, sans réflexion des réponses morales à des situations vont émerger immédiatement.

    Sa thèse est la suivante:

    Stéphen DEBOVE - Pourquoi le cerveua a inventé le bien et le mal

    Il s'agit donc bien d'étudier le système moral sous l'angle évolutionnaire: comment l'être humain a-t-il évolué pour optimiser son fitness? Comment, ce que nous appelons la morale s'est-elle instituée afin que nous puissions transmettre au mieux nos gènes. Et son hypothèse, c'est que notre sens moral est un algorithme qui permet de rembourser nos coûts d'opportunité. C'est aussi expliqué sur son site, ici.

    Il fait la part belle à des ouvrages que j'ai déjà lu. Il interroge l'utilitarisme (Mills ou la tramwaylogie de Joshua Greene), évoque le gène égoïste de Dawkins, questionne aussi certains postulats de Frans de Waal, entre autre liés à l'analyse qu'il fait d'une expérience avec des singes. J'ai même vu passer Wilson. On y rencontre aussi des notions qui ne me sont pas étrangères telles que les stratégies évolutivement stables ou la sélection de parentèle.

    Cet ouvrage vient donc proposer un modèle naturaliste à cette question trop souvent étudiée uniquement sous l'angle philosophique, politique ou religieux.

    A lire, parce que c'est agréable à lire. A lire, parce qu'on ne nous prend pas pour des buses. A lire, parce que c'est de la bonne pédagogie. A lire aussi parce qu'il questionne le sens moral des animaux ou celui des extraterrestres.

    Pour finir, ce qui est amusant, quand on a écouté l'auteur, c'est que sa voix vient se superposer à notre lecture.

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