• Alain Corbin - Le miasme et la jonquille

    Alain Corbin - Le miasme et la jonquille

    Historien des sens, Alain Corbin ici a décidé de s'attaquer à l'odorat. Où, comment, entre 1750 et 1880 en France la sensibilité de l'odeur a changé, de l'acceptation de l'excrément, en passant par les parfums jusqu'à une certaine désinfection à l'époque pastorienne.

    L'ouvrage est extrêmement référencé (trop pour moi?) et fait la part belle à l'évolution de la réception de l'odeur.

    Car, apparemment, les odeurs qui nous paraissent aujourd'hui inconvenantes sont aussi histoire de mode, d'évolution des moeurs. Où l'on passe de la valorisation des excréments (tiens, cela me rappelle l'ouvrage -pas fini- les lieux de Roger-Henri Guerrand) qui était l'image de la vie à son éviction de l'espace public, des parfums animaux (musc, ambre) aux senteurs plus florales, de leur utilisation et de leur symbolique.

    Les odeurs sont aussi affaire de moeurs, d'imaginaire, de science, vivant au gré des connaissances des idées reçues. Les mauvaises odeurs (toutes relatives) ne seraient donc pas liées à une quelconque défense face à un danger (flore microbienne, putréfaction) mais bien à une sensibilité qui évolue au gré des changements sociaux (distinction et connaissance scientifique).

    Le miasme étant cet état indéfini qui emplit l'air qu'il faut chasser de son logement au risque de la maladie, selon des calculs savants (ou presque). la jonquille étant ce parfum floral léger et délicat qui accompagne les femmes.

    Le livre est savant, les références à Freud malheureuses (l'analité) et la thèse se dégage en filigrane au fil du livre. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment une thèse mais plutôt une chronologie qui nous permet  d'identifier ce changement et qui nous pousse à être attentifs aux références aux odeurs et aux parfums pour faire un peu de sémiologie et d'histoire que cela soit dans les romans du XIXème que dans nos imaginaires.

    Une histoire de la transformation de la réception des odeurs un peu difficile à lire mais précieuse en ce qu'elle nous révèle tout un impensé.

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