Henri Pena-Ruiz, je ne l'ai connu que très récemment. Lors de l'université d'été de le la France Insoumise, il a dit qu'on avait le droit d'être islamophobe. insultes! racisme! néo-colonialiste! Pétain! Hitler! alors que sa phrase exacte était:

" Le racisme, qu’est-ce que c’est ? Mise au point : c’est la mise en question des personnes pour ce qu’elles sont. Mais ce n’est pas la mise en question de la religion. On a le droit, disait le regretté Charb, disait mon ami Stéphane Charbonnier, assassiné par les frères Kouachi en janvier 2015. On a le droit d’être athéophobe comme on a le droit d’être islamophobe. En revanche, on n’a pas le droit de rejeter des hommes ou des femmes parce qu’ils sont musulmans. Le racisme, et ne dévions jamais de cette définition sinon nous affaiblirons la lutte antiraciste, le racisme c’est la mise en cause d’un peuple ou d’un homme ou d’une femme comme tel. Le racisme antimusulman est un délit. La critique de l’islam, la critique du catholicisme, la critique de l’humanisme athée n’en est pas un. On a le droit d’être athéophobe, comme on a le droit d’être islamophobe, comme on a le droit d’être cathophobe. En revanche, on n’a pas le droit d’être homophobe, pourquoi ? Parce que le rejet des homosexuels vise les personnes. On rejette des gens pour ce qu’ils sont, et là on n’a pas le droit de le faire. Le rejet ne peut porter que sur ce qu’on fait et non pas sur ce qu’on est."  

Je ne sais si sa sortie a été très adroite dans le contexte de suspicion actuel et de mise en accusation médiatique, mais il a usé de sa liberté d'expression pour exprimer justement qu'en terme de laïcité, on pouvait se méfier de toutes les religions et de celle qui actuellement en France se développe le plus.

Peut-être faut-il alors revenir un peu en arrière et essayer de comprendre pourquoi un individu considéré comme de gauche peut devenir méfiant vis à vis d'une religion aussi sensible le sujet soit-il.

Et ce livre assez facile d'accès sur la laïcité à la française vient compléter la séparation de l'église et de l'Etat en articulant la fonction première de la loi de 1905 avec les exigences que cela entraine dans notre société spécifique.

Sans rentrer dans les détails, il fait front contre l'idée d'une laïcité dite "ouverte" contre la nôtre qui serait "fermée" car n'acceptant pas les particularités de certains groupes. Et adroitement, de rappeler que le droit ne reconnaît que le droit individuel et non ceux collectifs. Que le droit français grâce à cette loi permet seul d'empêcher le spirituel (quel qu'il soit) de s'immiscer dans le temporel. Que ce droit français doit empêcher les cultes quels qu'ils soient, les spiritualités d'obtenir des droits spécifiques permettant alors une égalité de fait entre tous (catholiques, musulmans, juifs, athées, agnostiques...)

Pour lui, d'ailleurs, l'école a une place prépondérante dans la constitutions du citoyen. L'enfant en formation, l'adulte en devenir ne peut alors exprimer une quelconque croyance privée dans l'espace public qu'est l'école. Il rappelle la vocation première de l'école qu'est l'émancipation, non certaine mais potentielle de pouvoir échapper à un déterminisme parental. Cela ne peut pas plaire aujourd'hui au moment où les revendications culturelles se font de plus en plus fortes. Différentialisme contre universalisme.

Garder une laïcité telle quelle, c'est se garantir d'un danger potentiel qui a toujours marqué l'histoire des religions majoritaires et des Etats, à savoir l'empiètement de l'un sur l'autre.

Le livre est bien sûr plus complet.