• Jacques Heers - Le Moyen Âge Une imposture

    Qu'il a dû être difficile d'être un universitaire de droite dans les années 60-70.
    Jacques Heers est de droite (il a même causé dans le micro de Radio Courtoisie, c'est dire...) il faut le savoir pour lire ce livre.

    Jacques Heers contrairement à ce que la couverture tente de nous faire croire ne cherche pas à casser des mythes, tel Louis IX rendant la justice sous son chêne, mais plutôt de se porter en faux contre les opinions courantes qui nous enchaînent parfois à cette longue période (1000 ans) qu'est le Moyen-âge.

    Il ya du bon et du moins bon dans ce livre.

    De bon, il y a:

    • la remise en question de la la frontière -qui nous paraît naturelle entre le MA et la Renaissance. Pour lui, il n'y a pas de fracture franche. Il s'agit plutôt d'une construction a posteriori héritée à la fois de certains auteurs du XVIè siècle, des romantiques et de certains historiens tels Michelet.
    • la remise en question de la séparation stricte entre la ville et la campagne, vus comme des mondes opposant la civilisation et la pauvreté crasse
    • la vision complexe du MA qui, à travers l'Europe entière, s'est exprimée de façons multiples.
    • la remise en question de l'usure dévolue aux juifs alors que semble-t-il le crédit était réalisé aussi par des chrétiens.

     

    De moins bon:

    • une écriture qu'on sent un peu revancharde  entre autre envers Le Goff auquel il reproche une lecture marxiste du MA.
    • une relativisation du rôle de l'église dont il minimise l'importance dans ses travers (bien récupérés, combat contre les hérésies), c'est faire fi du rôle moral qu'elle se donnait.
    • Des comparaisons à l'emporte-pièce du genre "oui à l'époque, ça se passait comme ça mais aujourd'hui..."
    • Des tendances que, lui, essaie de fonder sur des exemples parfois maigres. Mais il est vrai qu'il existe peu de littérature du haut MA.

     

    Malgré ses défauts, j'ai bien aimé. (Claire l'a trouvé baucoup plus abusif que moi, mais il est vrai que je lui pardonne peut-être beaucoup). J'ai bien aimé cette vision un peu dissonante qui permet de se poser des questions et de considérer autrement le MA.
    Le MA, c'est 1000 ans, c'est une Europe entière, des mentalités qui évoluent imperturbablement au fil des générations.

    Finalement, ce qu'il semble beaucoup reprocher, c'est la façon dont l'école fonde la vision du MA (il cite à plusieurs reprises des manuels), empêchant par la suite de considérer l'extrême complexité d'une période extrêmemnt complexe.

     

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