• Jean-Claude Michéa - La double pensée

    Jean-Claude Michéa - La double pensée

     

    "Comment expliquer [...] qu'au fur et à mesure que la logique capitaliste s'empare de toutes les sphères de l’activité humaine et les soumet à ses lois d'airain, les mœurs soient supposés s'affranchir miraculeusement et la liste des libertés conquises par les individus ou les "minorités" s'allonger sans fin"

    Trouvé chez un bouquiniste à Pirou. L’occasion de lire un deuxième livre de l'auteur pour mieux comprendre ce qui l'anime.

    C'est un auteur controversé. Surtout à gauche parce car la théorie qu'il met en avant c'est que le libéralisme de mœurs, politique et le libéralisme économique vont de pair. Ce sont pour lui les deux têtes d'une même pensée, celle des pères du libéralisme du XVIII (Hume, Smith...)

    Ce n'est pas un livre très construit. C'est une suite d'article dont un long entretien qui a eu lieu sur radio libertaire. (quant alors à l'accuser de populisme au sens péjoratif, voire d'accointance avec l'extrême droite...).

    Bref, l'auteur qui l'anime, c'est Orwell (double pensée, c'est de lui dans 1984) et sa common decency que l'on pourrait traduire par honnêteté élémentaire ie une société dans laquelle chacun aurait la possibilité de vivre honnêtement d'une activité qui ait réellement un sens humain. C'est en quelque sorte un programme politique a minima moral. Pour lui, certains combats que mène la gauche (socialiste et plus à gauche encore)  est un écueil sur lequel se sont échoués lesdits partis en défendant le libéralisme individuel, un libéralisme fondamental qui a permis d'atomiser la société sans proposer d'alternative de vie en communauté. À cela, il complète qu'une pensée comme celle de Marcel Mauss (donner/recevoir /rendre) pourrait être une sorte d'ambition pour une common decency. (Jocelyn Porcher d'ailleurs publiée aux éditions du MAUSS s'est perdue dans ces concepts en essayant de les appliquer aux animaux sans réussite aucune.)
    Sont aussi conviés entre autres Marx et Ellul. Difficile de penser seul des notions aussi vastes que la modernité ou le progrès.

    La pensée est brouillonne, foisonnate et remplie de références que je ne connais pas. Mais c'est assez plaisant. Il ose taper sur une grille de lecture évidente à de nombreuses personnes qui s'opposent sur le champ politique libéral de moeurs Vs libéral économique, une certaine gauche contre une certaine droite au risque de ne plaire à personne (il tape entre autres à tout va sur libération et consorts). Mais je crois que c'est un franc tireur.

    Ce qui m'embête c'est que parfois il utilise le terme de "bon sens" qui pour moi est "la pensée des cons" mais je fais avec.

     

    [EDIT] quelques liens pour mettre en perspective

    Impasse Michéa par Lordon qui ne tente pas  de comprendre, qui fait des procès d'intention et lui fait un procès en réaction.

    Misère de la décence ordinaire par Florian Gulli

    [EDIT2] Il y a un (très) court passage sur la territorialité de l'application de la morale. (famille, quartier, village). Il me semble que cela devrait être nettement plus développé dans ce type d'essai, essayer de penser les relations entre les individus sans penser leur géographie et leur lien, c'est vain.

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