• Olivier Roy - La Sainte Ignorance

    Olivier Roy - La Sainte Ignorance

    Olivier Roy est islamologue et athée. Il a eu un drôle de parcours puisqu'il a fait la guerre en Afghanistan pour se battre contre les Russes.

    Le titre, un brin provocateur ne reflète pas le contenu du livre. Je trouve que le sous-titre (Le temps de la religion sans culture résume mieux.) Il ne s'agit pas ici d'opposer religion et savoir mais religion et culture.
    Ce livre est une sorte de réponse au choc des civilisations de Huntington qui voyait dans les religions une sorte d'horizon culturel et géographique indépassable pour les civilisations, horizon de solidarité et d'opposition entre les peuples.

    La thèse d'Olivier Roy, c'est qu'à l'heure de la mondialisation (migrations diverses mais surtout communication de masse), les religions se déterritorialisent (pas facile à prononcer rapidement) et se déculturent. A savoir que les religions si longtemps territorialisées, aujourd'hui sous le coup d'un changement à l'échelle planétaire verraient leurs pratiques évoluer radicalement.

    Ce livre parle de la complexité des religions. Et les religions sont étudiées selon différents axes: le marqueur religieux, la norme, la religiosité et la théologie.
    Pour lui, en quelque sorte, la religion (il s'agit surtout des 3 religions monothéistes) se sépare du territoire sur lequel elle s'était implantée de façon profonde tant dans la sociologie que dans le politique.

    Le livre est plein de références (impossible de tout retenir) sur les différentes pratiques qui se ditinguent par leur lieu, par les ethnies qui les pratique, par le pays qui cherche à l'unifier ou non. Le livre est intéressant en ce qu'il présente la situation de façon non monolithique.
    Il conclut que dans cette évolution où les religions (un peu d'essentialisme là...) s'extraient du territoire, elles perdent en culture, elles ont tendance à faire le lit de l'ignorance puisqu'elles finissent pas former une sorte d'idéologie molle, standardisée propice à la fois à la déconsidération et au fanatisme par réaction. (Il ya une lecture post-moderne qui ne dit pas son nom puisqu'il est question en creux de l'individualisation des pratiques).

    En toute sincérité, j'ai trouvé le livre peu lisible à cause des nombreuses références. La thèse aurait pu être mieux abordée, de façon moins brouillonne.
    Je n'y ai pas lu la réfutation à Huntington dont le livre semble-être l'ambition. De toute évidence la religiosité s'extrait des pratiques de groupe, de logique de territoire. Mais je ne vois pas en quoi elle est la cause des fondamentalismes d'aujourd'hui (très diverses). La notion de pureté religieuse, d'orthodoxie et de réponse violente à l'apostasie et autres a eu lieu bien avant que ce mouvement qu'il décrit ait lieu. D'autant qu'il dit qu'il y a une usure des fondamentalismes (le livre date de 2008) en prenant l'exemple des Etats-Unis sans fournir de chiffres. Qu'en est-il vraiment?

    Ce qui intéressant aussi, c'est qu'il parle de "marché" du religieux comme Bronner parle de "marché" cognitif. Ce terme de marché, ce cadre de pensée est imposé par une logique contemporaine qui identifie les citoyens en consommateurs. Il sera intéressant de voir si d'autres personnes utilisent ce concept pour analyser d'autres domaines.

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