• Raymond ARON - La Marxisme de Marx

    Raymon ARON - La Marxisme de Marx

    Raymond Aron n'est pas marxiste, n'est pas marxien mais marxologue. Aron respecte Marx et comme tout bon penseur du XXème siècle, penser son temps sans penser Marx, qui a marqué son époque, inscrirait un manque à sa compréhension du monde.

    Cet ouvrage est la retranscription de plusieurs cours sur Marx et sa pensée. De fait, il n'est pas facile à lire. La langue est plutôt orale et, certainement, s'il avait dû écrire un ouvrage sur Marx, il l'aurait fait de façon différente, de manière plus agréable à lire et donc à comprendre. Car, il faut le dire, déjà, Marx est lui-même difficile à lire, ambivalent, développant des concepts au fil du temps avec des définitions parfois fluctuantes et Aron aurait peut-être dû, pour mon pauvre cerveau, tenter parfois être plus compréhensible. Mais je chipote. Si comme je le pense aujourd'hui, je ne lirai pas le Capital, ce sera certainement parce qu'Aron m'en aura fait la traduction.

    L'ouvrage est précieux. Aron fait la généalogie de la pensée de Marx, évoque son ascendance intellectuelle (Hegel en philosophie, Ricardo en économie), parle des controverses dans lesquels sont nés ses textes pour bien nous faire comprendre comment Karl Marx a pu passer de la critique de la religion (matérialiste qu'il était), à la critique de la philosophie allemande, à la critique de l'économie puis à celle de l'Histoire. C'est important car qui veut comprendre les différentes facettes de Marx (philosophe de l'histoire, économiste), doit comprendre la genèse de sa pensée. Car aujourd'hui -tout de moins moi pauvre lecteur- Marx apparait (ou apparaissait après lecture) comme une sorte  de mixture intellectuelle sans fondations (aliénation, classes, historicité, eschatologie, planification, dialectique, plus-value...). Grâce à Aron tout cela est remis dans l'ordre (Il est loin d'être sûr que je retiendrai tout mais tout du moins une partie).

    Tout cela devient un peu plus clair. Tout cela devient tellement clair, qu'il est toujours pertinent de s'interroger comment encore aujourd'hui (finalement comme Freud qui lui aussi a ouvert plus ou moins un champ de recherche) malgré les siècles, on peut encore se revendiquer du communisme ou du marxisme comme si sa vision de l'Histoire, des classes (incluant économie, rapports de forces), l'idée de l'inéluctabilité de la paupérisation de la classe ouvrière menant inéluctablement à la chute du capitalisme n'avait pas été démentie par les faits et par l'Histoire.

    Car là est au final (et Aron en parle un tout petit peu à la fin) l'important: Marx en mettant en oeuvre des concepts intéressants, nouveaux s'est trompé sur beaucoup de choses. Le capitalisme n'a pas échoué. Le capitalisme a permis de sortir statistiquement de nombreuses personnes de la faim et de la misère (sans partage équitable des richesses il est vrai). Ce qui en ressort aussi c'est que Marx était un moraliste, prêchant le bonheur du monde: rejet du fétichisme de la marchandise, compréhension du monde par le Peuple, autonomie des individus. Finalement ce qui aura manqué le plus à Marx, c'est une compréhension de l'homme, des conditions de la concurrence entre individus, entre groupes, en gros de la nature humaine. Ce qui lui manqué, c'est une anthropologie réaliste. Je ne sais s'il a lu De l'origine des espèces paru en 1859, mais cela l'aurait peut-être aidé, en considérant l'homme comme un animal, à l'articuler dans le système économique sans illusions.

    « hommage à Caran d'AcheBach par Douglas ADAMS (tiré d'un cheval dans la salle-de-bain) »

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