• Agnès Roche - Des vies de pauvres

    Agnès Roche - Des vies de pauvres

    Livre de sociologie traitant d'un sujet peu abordé, si ce n'est peut-être superficiellement chez Christophe Guilluy dans les ouvrages critiqués tels que la France périphérique.

    Il s'agit ici des pauvres hors des métropoles. Parce qu'il faut parfois s'extraire sa bulle sociale. Bon certes, j'ai mes élèves qui sont là pour me rappeler que j'ai de la chance.

    La sociologue aidée de ses étudiantes sur plusieurs années a procédé à des multiples entretiens biographiques (110). Ces personnes ont été choisies parce qu'elles étaient suivies par des assistants sociaux du Puy de Dôme

    La première partie est composée de ces 110 récits qui retracent le parcours de ces vies. La lecture est intensive mais jamais répétitive. La sociologue a catégorisé ces personnes en 4 catégories: des jeunes relégués, des retraités modestes, des individus aux marges et des paysans qui incarnent la fin du monde rural. La dernière partie est une synthèse -courte- de tous ces entretiens.

    Il en ressort une évidence: loin des évidences, des clichés et des représentations, dans les campagnes survivent des personnes qui nous sont quasiment étrangères; que ce soit les paysans surendettés, fatigués, les familles qui se sont éloignées des villes pour trouver un foncier moins cher et qui n'ont fait que s'enfermer un peu plus dans la relégation...

    Parmi tous les mécanismes qui poussent à la reproduction et qui montrent l'incapacité de la société française à promouvoir ces personnes issues des classe populaires, quelques éléments reflètent l'actualité de façon dramatique. Quasiment tous sont bénéficiaires des APL et une baisse de 5€ sera une difficulté supplémentaire que le gouvernement ne voudra pas voir et qui ne sera pas relayé tant dans l'esprit des français, les APL ne servent qu'aux étudiants.
    Une grande partie de ces personnes habitent des logements insalubres et la conséquence (cela revient beaucoup dans les entretiens), c'est que les frais de chauffage grèvent énormément leur budget déjà réduit à la portion congrue, quand ce n'est pas carrément une dette qui est contractée auprès des fournisseurs d'énergie.

    La misère engendre la misère, encore et toujours. L'école ne fait pas son office tant les parcours dans leur écrasante majorité racontent le rejet de la scolarité ou alors l'impossibilité de trouver un emploi malgré une formation pseudo qualifiante. Violence, alcool, divorces, endettement...
    Un travail de brute pour les agriculteurs jamais récompensés de leurs efforts qui ne peuvent subsister dans un monde dominé par la concentration des fermes et le poids des coopératives et des intermédiaires.

    L'énergie est là malgré les malheurs, mais les vies sont écourtées, les espoirs souvent déçus et les attentes face à la vie modestes.

    À lire, afin de savoir. 

    « envie de sieste »

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