• Albert CAMUS - La Peste

    Albert CAMUS - La Peste

    Albert CAMUS - La Peste

    Je l'avais lu il y a très longtemps. Tellement longtemps que j'en avais presque tout oublié. Je me souvenais juste de l'ambiance décrite au début: celle d'une ville (Oran) écrasée de chaleur et comme pétrifiée tant la nature ne semblait pas y avoir de place.

    Je ne ferai pas d'analyse exhaustive. D'autres l'ont fait avant moi, en ont écrit certainement des thèses.

    Quelques éléments marquants tout de même:

    1. Les femmes sont évacuées du récit: Il n'y a aucune femme parmi les personnages principaux. Nous avons rapidement une figure de mère. Mais tout se passe entre hommes. La femme de Rieux part au début du roman avant la mise en quarantaine de la ville, pour ne jamais revenir. une figure amoureuse est une sorte d'horizon pour un journaliste. La mère de Rieux est présente également mais comme effacée.
    2. Le roman est l'occasion pour Camus de développer à travers les personnages qu'il suit ce qui semble être sa philosophie face à la tragédie de la vie: faire face, avoir une éthique de vie qui fait que l'on se mêle à la vie des hommes en acceptant la condition commune sans jugement. La fuite ne fait pas partie des solutions envisagées.
    3. La Peste est bien sûr une métaphore. Les derniers chapitres devenant plus explicites à ce sujet
    4. Le ton paraît froid quasiment désincarné si ce n'étaient l'engagement implacable des personnages.
    5. Les parallèles avec la crise sanitaire sont intéressants en cette période: attente de sérum, chiffres qui tombent quotidiennement, états d'âme...
    6. plaisir à lire la description de la statue de Jeanne d'Arc d'Oran qui se trouve maintenant à Caen.

     

    En tout cas, l'oeuvre est magistrale et nous offre une vision du monde et une philosophie de vie que l'on peut retrouver -il me semble- dans ses écrits sur la guerre d'Algérie, acceptant l'inéluctable (la séparation entre deux peuples qu'il aime)  tout en tentant avec ses moyens d'écrivains de trouver une solution acceptable pour tous. 

    Petit extrait. fin de la première partie, la Peste arrive, les personnages sont présents, les portes de la ville peuvent se fermer:

    « Pendant ce temps, et de toutes les banlieues environnantes, le printemps arrivait sur les marchés. Des milliers de roses se fanaient dans les corbeilles des marchands, au long des « trottoirs, et leur odeur sucrée flottait dans toute la ville. Apparemment, rien n’était changé. Les tramways étaient toujours pleins aux heures de pointe, vides et sales dans la journée. Tarrou observait le petit vieux et le petit vieux crachait sur les chats. Grand rentrait tous les soirs chez lui pour son mystérieux travail. Cottard tournait en rond et M. Othon, le juge d’instruction, conduisait toujours sa ménagerie. Le vieil asthmatique transvasait ses pois et l’on rencontrait parfois le journaliste Rambert, l’air tranquille et intéressé. Le soir, la même foule emplissait les rues et les queues s’allongeaient devant les cinémas. D’ailleurs, l’épidémie sembla reculer et, pendant quelques jours, on compta une dizaine de morts seulement. Puis, tout d’un coup, elle remonta en flèche. Le jour où le chiffre des morts atteignit de nouveau la trentaine, Bernard Rieux regardait la dépêche officielle que le préfet lui avait tendue en disant : « Ils ont eu peur. » La dépêche portait : « Déclarez l’état de peste. Fermez la ville.  »

     

    « Stéréotypes sexistes dans le monde : le poids de la religiositéGérald BRONNER - Apocalypse cognitive »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :