• Gérald BRONNER - Apocalypse cognitive

    Gérald BRONNER - Apocalypse cognitive

    Ce livre aurait pu s'appeler

     

    Bronner est avant tout sociologue (Bourdon, Weber, individualisme méthodologique), mais ce petit ouvrage a une valeur philosophique. Au sens de recherche de la sagesse: comment atteindre une certaine forme d'apaisement dans nos sociétés conflictuelles, agonistiques?

    Bronner part du principe que jamais depuis nos origines (homo Sapiens a 300 000 ans) collectivement nous avons eu autant de temps disponible (non consacré au travail, aux tâches imposées, à la survie...) et il faut bien faire le constat suivant: nous ne vivons pas dans une société de sages, ou de scientifiques divers mais qui fait plutôt la part belle à nos plus bas instincts (conflictualité sur les réseaux sociaux, pornographie, programmes médiocres...)

    En reprenant la psychologie révolutionnaire et les psychologie sociale (Kahneman), Bronner dresse le tableau d'une anthropologie réaliste aux fonctionnements qui nous étaient nécessaires dans un environnement particulier et qui ne trouvent plus son utilité dans nos sociétés industrielles et apaisées (en cela on retrouve l'ouvrage de Peggy Sastre, la haine orpheline).

    Et il en tire les conclusions contre une anthropologie naïve qui promeut l'homme nouveau, dénaturé par une socéité qui agirait contre lui alors qu'il n'y a qu'un marché cognitif dans lequel se jouent un rapport d'offre et de demande où s'expriment -justement- cette nature humaine.

    N'oublions pas que les anthropologies naïves en se leurrant sur nos capacités ne sont et ne seront jamais en mesure de nous proposer un modèle de société sans nous contraindre.

    Un ouvrage facile à lire. A faire lire peut-être à des adolescents qui auront tendance à plonger (comme moi à leur âge) dans les délices des illusions d'un monde qu'ils pensent pouvoir modeler pour le bonheur de tous sans prendre en compte les contraintes cognitives qui nous meuvent pour le meilleur et le pire.

    «  La révélation est donc celle de ce que j’appelle une anthropologie non naïve ou, si l’on veut, réaliste. Le fait que notre cerveau soit attentif à toute information égocentrée, agonistique, liée à la sexualité ou à la peur, par exemple, dessine la silhouette d’un Homo sapiens bien réel. La dérégulation du marché cognitif fait aboutir en acte ce qui n’existait que sous la forme d’une potentialité. Sur le temps long de l’histoire, cette potentialité a été contrariée par toutes formes de régulation ou d’incommodités : censure, interdits religieux, obstacles géographiques, limites informationnelles, paternalisme plus ou moins bienveillant… Aujourd’hui, par l’entremise de la dérégulation du marché cognitif, l’offre et la demande s’entrelacent pour le meilleur et pour le pire, et nous contraignent à scruter une image réaliste de nous-mêmes. »

    « Albert CAMUS - La PesteHervé LE TELLIER- L'Anomalie »

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