• André Comte-Sponville - L'Esprit de l'athéisme

     

    André Comte-Sponville - L'Esprit de l'athéisme

    Je sais, on pourra me dire que ce n'est pas un vrai philosophe, qu'il n'a pas inventé de concept. Peut-être. Doit-on d'ailleurs, pour être philosophe, devoir inventer? Et la barbe faisant pas le philosophe, André Comte-Sponville, n'en ayant pas, c'est bien la preuve que? Bon, pasons à la suite.

    Ce qui m'a interpellé, c'est le titre. Penser l'athéisme en tant que producteur de spiritualité. C'est souvent entendu, parlé: les athées seraient dépourvus de spiritualité. Entendre ce concept comme un abandon face à la transcendance, une sorte de poésie ineffable face à la grandeur inconcevable de l'univers. La spiritualité étant alors une esthétique de ce que produit l'homme.
    L'athée en tant que vil matérialiste serait donc dénué de cette spiritualité qui rendrait la finitude humaine plus belle. L'athée serait donc privé, amputé d'une poésie mystique qui le rendrait vulgaire.

    André Comte-Sponville (je fais ctrl+v à chaque fois, c'est plus rapide que de réécrire le nom à chaque fois) a composé ce petit ouvrage en 3 parties:

    • Peut-on se passer de religion? (christianisme, islam, juidaïsme dans cet essai)
    • Dieu existe-t-il?
    • Quelle spiritualité pour les athées?

    A la première question, si la religion est ce ce qui relie (verticalement ou horizontalement) ou ce qui relit, de toute évidence, on peut vivre dans une société, faire société, sans être nihiliste et assumer l'Histoire d'ailleurs.

    A la deuxième question, il s'agit surtout de répondre par la logique aux différents arguments de l'existence de dieu (je n'aime pas la majuscule imposée). La conclusion étant que les preuves que dieu n'existe pas (que les agents surnaturels n'existent pas) sont supérieurs à ceux qui tendent à prouver son existence. Le chapitre vaut par la gymnastique intellectuelle qui cherche à mettre en défaut les biais de raisonnement, reprenant tout un tas de philosphes plus anciens qui ont fait ce travail depuis longtemps. De toutes les manières, si l'exercice est intéressant, il ne convaincra que les convaincus. C'est ici de la rhétorique.

    C'est la troisième partie qui est intéressante. Pour commencer, il faut se mettre d'accord sur la spiritualité; ici la spiritualité est ce rapport de notre fonctionnement, de notre esprit (étant un fonctionnement et non une entité) à l'infini, à l'éternité, à l'univers.
    Comment penser l'impensable? Après tout, en tant qu'humains, l'infiniment grand (et l'infiniment petit d'ailleurs) ne font pas partie de notre umwelt, c'est pour cela que nous avons du mal à le concevoir, ils sont contre-intuitifs.
    Pour André Comte-Sponville (encore un ctrl+v), on peut concevoir ce vertige (c'est mon expression à moi) non par la transcendance (un être supérieur et hors du monde) mais par l'immanence (les choses existent en elle-même). C'est de cette façon que l'on peut dompter ce vertige. 

    Après, c'est sa réponse. (Il fait souvent référence à sa propre expérience, il fait aussi des références à des penseurs asiatiques) Mais je pense qu'il y en a d'autres. Il a le grand tort d'après moi de vouloir substituer terme à terme ce qui fait la religion: la fidélite pour la foi, l'action pour l'espérance, l'amour pour l'abandon. Il a tort: il ne faut pas superposer, il ne faut pas tenter de trouver une définition qui se calerait dans un moule. Cela limite la réflexion.
    Tout un tas d'expériences sont touchées du doigt par l'auteur pouvant être du domaine de la spiritualité, comme le beau, l'apaisement (il parle d'ataraxie), la connaissance... Cela aurait pu être approfondi.

    Après la lecture de Boyer, je trouve qu'il manque toujours une part de sciences dans ces essais philosophiques. André Comte-Sponville (et encore une fois!) use de métaphysique (pour quoi pas. Après tout, il est difficile de penser concrètement les expériences spirituelles) mais le tout manque toutefois d'apports en psychologie sociale,en histoire, en éthologie par exemple pour s'opposer aux thèses déistes/théistes. Après tout, pour les matérialistes, il ne devrait pas y avoir d'opposition par essence entre le corps et l'esprit. Ne faut-il pas dépasser ce dualisme qui laisse aux croyants les termes du débat?

    Le livre se lit facilement. L'ouvrage permet de toucher du doigt tout un pan de la pensée humaine qui, peut-être, peut apporter des débuts de réponses à des lecteurs athées qui auraient le sentiment illégitime - et à tort- d'avoir une spirtualité pouvant alors opposer sa spiritualité d'homme à la spiritualité du croyant.

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