• "Sans connaissance de l'Histoire, l'esprit d'un homme est pauvre. Toute opinion sur le présent doit être nourrie par elle. Et l'on ne peut s'interroger valablement sur l'avenir que si l'on est imprégné du passé."

     

    Maurice Druon


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  • "Quiconque veut éviter le vertige doit essayer de découvrir la loi qui régit le mouvement de balançoire. Nous semblons nous trouver, dans l'histoire, en face d'un mouvement de pendule, d'un balancement de l'absolutisme à la démocratie, de la démocratie à la dictature absolutiste.
      La quantité de liberté individuelle qu'un peuple peut conquérir et conserver dépend de son degré de maturité politique, Ledit mouvement de pendule paraît indiquer que la marche des masses vers la maturité ne suit pas une courbe régulière­ment ascendante, comme fait la croissance d'un individu, mais qu'elle est gouvernée par des lois plus complexes.

      La maturité des masses consiste en leur capacité, de reconnaître leurs propres intérêts. Mais cela présuppose une certaine compréhension du processus de production et de distribution des biens. La capacité d'un peuple de se gouverner démocrati­quement est donc proportionnelle à son degré de compréhension de la structure et du fonctionnement de l'ensemble du corps social.
      Or, tout progrès technique crée de nouvelles complications dans la machine économique, fait apparaître de nouveaux facteurs et de nouveaux procédés, que les masses mettent un certain temps à pénétrer, Chaque bond en avant du progrès techni­que laisse le développement intellectuel relatif des masses d'un pas en arrière, et cause donc une chute du thermomètre de la maturité politique. Il faut parfois des dizaines d'années, parfois des générations, pour que le niveau de compréhension d'un peuple s'adapte graduellement au nouvel état des choses, jusqu'à ce que ce peuple ait recouvré la même capacité de gouvernement de soi-même qu'il possédait déjà à une étape inférieure de sa civilisation, Partant la maturité politique des masses ne saurait se mesurer par un chiffre absolu, ma seulement de façon relative, c'est-à-dire proportionnellement au niveau de la civilisation à un moment donné.
      Lorsque le niveau de la conscience des masses rattrape l'état de choses objectif, il en résulte inévitablement pour la démocratie une victoire soit paisible, soit remportée par la force. Jusqu'à ce que le bond suivant de la civilisation technique – par exemple l'invention du métier à tisser mécanique – rejette les masses dans un état d'immaturité relative, et rende possible ou même nécessaire l'établissement sous une forme ou une autre, d'une autorité absolue."


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  • "Il faut être attentif au risque de la contamination du croire et du connaître par le désir."

     

    Dans l'émission Les chemins de la philosophie "A-t-on le droit de critiquer Bourdieu?"


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  • « — La… la musique… », murmura Richard.

    L’air était empli de musique. Si empli qu’il semblait n’y avoir place pour rien d’autre. Et chaque particule d’air semblait avoir sa propre musique, si bien que quand Richard bougeait la tête, il entendait une musique nouvelle et différente, mais cette musique nouvelle s’accordait parfaitement avec la musique qu’il avait laissée derrière lui.

    Les modulations de l’une à l’autre s’accomplissaient dans la perfection : des bonds stupéfiants vers des octaves lointaines se faisaient sans effort par un simple mouvement de tête. De nouveaux thèmes, de nouvelles bribes de mélodies, tous parfaitement et étonnamment proportionnés, se mêlaient constamment dans cette trame sans fin. De grandes et lentes vagues de mouvement, des danses plus rapides qui les faisaient vibrer, de petits bondissements scintillants qui dansaient sur les danses, de longs airs emmêlés dont la fin ressemblait si fort au début qu’ils s’enroulaient sur eux-mêmes, se tournaient, se retournaient et puis se précipitaient de nouveau derrière une autre mélodie dansante dans une lointaine partie du navire.

    Richard trébucha contre la paroi.

    Dirk l’empoigna précipitamment par le bras.

    « Allons, dit-il avec brusquerie, qu’est-ce qui se passe ? Vous ne supportez pas la musique ? C’est un peu fort, n’est-ce pas ? Bon sang, reprenez-vous. Il y a quelque chose ici que je ne comprends pas. Ça n’est pas normal. Venez… »

    Il traîna Richard à sa suite, puis il dut le soutenir tandis que l’esprit de Richard s’enfonçait de plus en plus sous le poids accablant de la musique. Les visions que tissaient dans son esprit les millions de fils musicaux s’embrouillaient de plus en plus, mais plus le chaos bourgeonnait, plus il s’adaptait à l’autre chaos et au chaos suivant plus grand encore, jusqu’au moment où tout cela devenait une énorme sphère d’harmonies en train d’exploser et qui s’étendait dans son esprit à une vitesse insupportable.

    Et puis tout devint beaucoup plus simple.

    Une seule mélodie dansait dans son esprit et toute son attention se concentrait sur elle. C’était un air qui bouillonnait dans ce flux magique, qui lui donnait une forme, une « échos, d’abord un peu précipités, puis il se remit à danser, mais avec plus de difficulté, parut sombrer dans les tourbillons du doute et de la confusion, puis révéla que ces tourbillons n’étaient que les premiers frémissements d’une nouvelle et énorme vague d’énergie qui arrivait joyeusement des profondeurs.

    Très, très lentement, Richard commença à s’évanouir. »

     


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  • Je me souviens de ma jeunesse et du sentiment qui ne reviendra plus jamais, le sentiment que je pourrais durer éternellement, survivre à la terre, à la mer et à tous les hommes

     

    Joseph Conrad


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