• Elizabeth VON ARNIM- Elizabeth et son jardin allemand

    Eliszabeth VON ARNIM- Elizabeth et son jardin allemand

    Il est des ouvrages pour lesquels il aura certainement fallu avoir quanrante ans passés ainsi que le plaisir découvert d'entretenir un jardin.

    Peut-être aussi faut-il être dans ce jardin pour pleinement en profiter.

    Elizabeth von Arnim, anglaise comme son nom ne l'indique pas (c'est d'ailleurs un pseudonyme) a épousé un allemand et se retrouve donc aristocrate en Allemagne au milieu d'une propriété qu'elle fera sienne.

    C'est un ouvrage hétéroclite. Il est question du plaisir de l'ornementation du jardin, il est question aussi de sa condition de femme qui l'empêche (sauf quand elle le fait en douce) de mettre les mains dans la terre.

    10 mai. L'année dernière j'ignorais tout du jardinage, et cette année ne suis guère plus savante même si j'ai maintenant les idées plus claires et si je suis déjà passée de la culture des volubilis à celle des roses thé.

    "Le jardin était une véritable forêt vierge qui encerclait la maison de tous côtés, mais surtout au midi. De ce côté la maison ne comporte qu'un étage : une longue série de pièces qui se commandent les unes les autres. Les murs sont entièrement

    recouverts de lierre. Au centre, une petite véranda mène par un escalier de bois branlant vers la seule partie du jardin qui ait jamais été vraiment entre tenue. Dans un demi-cercle bordé de troènes, au milieu de la pelouse, je découvris onze plates bandes de différentes dimensions disposées autour d'un très ancien cadran solaire moussu pour lequel j'ai beaucoup d'affection. Ces plates-bandes étaient le seul signe visible de jardinage en ce jardin (à l'exception d'un crocus solitaire qui fleurissait chaque printemps sans l'avoir vraiment désiré - mais que pouvait-il faire d'autre?). J'y plantai partout des volubilis après avoir lu dans un manuel de jardinage allemand qu'ils étaient capables de transformer le désert le plus lugubre en véritable paradis. Le manuel les recommandait avec une chaleur vraiment communicative. Dans mon ignorance des quantités à utiliser j'en achetai dix livres que je ne plantai pas seulement dans les onze plates-bandes mais autour de presque tous les arbres, puis attendis, très agitée, l'apparition du paradis promis. Jamais celui-ci ne daigna se montrer, et ce fut ma première leçon."

    Mais le fil conducteur de l'ouvrage (qui date de 1898), c'est la personnalité de l'auteur ainsi que le ton utilisé. Nous découvrons une femme plutôt libre d'esprit. Elle montre beaucoup de distance vis à vis des personnes. Elle appelle son mari "l'Homme de Colère" mais on ne peut s'empêcher d'y lire une certaine tendresse malgré sa rugosité. Le propos est souvent piquant. Dans la fin de l'ouvrage, il s'agit surtout d'une sorte de relation à trois qui s'installe avec deux autres femmes qui sont venues vivre un temps chez elle dont une dont on sent bien qu'Elizabeth n'apprécie pas. Ses propos sont parfois cruels, le jeu à deux contre Minora (c'est son prénom) sont souvent marqués par un manque de sympathie et des moqueries sourdes mais le caractère détaché de l'ensemble nous fait lire les scène un sourire en coin.

    Mais qu'importe! Nous avons le plaisir de découvrir une personnalité forte, indépendante, qui derrière ses propos parfois hautains, parfois sensibles envers son jardin (son parc plutôt), parfois féroces, parfois tendres envers ses trois enfants fait apparaître une personnalité attachante. La personne devait être difficile à vivre mais la narratrice sait se faire apprécier.

    Un livre à lire sous une tonnelle, dans un petit jardin soigné, un jour de soleil, avec quelques abeilles qui viendraient vous bourdonner pacifiquement aux oreilles.

     

     

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