• Eric Vuillard - L'ordre du jour

    Eric Vuillard - L'ordre du jour

    Prix Goncourt, 2017. Je me demande bien pourquoi.

    Trouvé dans une boîte à livre.

    Il s'agit de la part d'Eric Vuillard de raconter en de courts chapitres l'Anschluss. Le premier et le dernier chapitre qui encadrent le récit racontent la complicité (selon Vuillard, j'y reviendrai) des grands industriels de l'époque (Krupp, Daimler, BMW, AGFA...) avec le nazisme.

    C'est une grande erreur (la complicité ainsi décrite) que n'a pas manqué de relever Robert Paxton. On trouve trace du débat dans des articles ici ou là. En effet, les industriels allemands avaient aussi financé les autres partis à la même époque. La grande industrie est opportuniste et s'accommode fort bien des régimes les plus divers (pensons à la Chine). Le capitalisme (les outils de production aux mains d'un petit nombre) n'et qu'une émanation des sociétés complexes et la thèse qui semble être de Vuillard est plutôt foireuse (et démentie depuis longtemps même si elle fait les choux gras de l'extrême gauche qui voudrait voir le capitalisme comme complice de toutes les ignominies.)

    Je considère qu'user de l'histoire de façon aussi grossière (mais de bonne foi) est une impasse littéraire. A quoi sert l'histoire quand on en fait un outil idéologique? Quand il s'agit de thèses historiques, elles peuvent être placées sur la scène scientifique dudit milieu disciplinaire pour vivre les réfutations mais en faire oeuvre dans un roman est à mon sens un abus. Car il ne s'agit pas ici d'un "roman historique" qui utilise un contexte historique pour décaler suffisamment les personnages pour en faire des individus de fiction mais d'user de la légitimité historique pour en tracer un "récit" qui s'éloigne à la fois de l'Histoire et du roman. Et qui ne finit donc pas n'être nulle part si ce n'est dans un bourbier insensé où 'auteur se permet de nous offrir son jugement sur les individus et les situations. Qui plus est, son récit est empreint d'anachronismes et est parsemé de visions de l'Histoire incomplètes et orientées.

    Car Vuillard ne se contente pas d'orienter l'histoire mais se permet de porter des jugements sur les personnalités, sur les situations. Cela m'a horripilé. Je déteste qu'on cherche à orienter ma pensée (au moins de façon aussi grossière).

    Quant à l'écriture, je suis perdu. Il y a certes quelques jolis passages (rares), mais l'ensemble est baroque, inégal. Le premier chapitre est ampoulé alors que d'autres non. j'imagine qu'il y a la volonté de coller à la situation mais on ne retrouve pas ce soin ailleurs.

    Un roman décevant, (Je m'étais dit que j'arrêtais les romans contemporains pourtant...) énervant, peu homogène où l'auteur semble se faire plaisir en racontant son Histoire en se permettant des jugements de valeur. Je n'en comprends pas bien l'intérêt.

    Un article sur Hérodote concernant le "récit"

    « chat diabétiqueRomain GARY - Les racines du ciel »

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