• Gérald BRONNER - La pensée extrême

    Gérald BRONNER - LA pensée extrême

    Livre racheté... Oui en fait, je l'avais déjà lu. Mais le relire m'a permis de le repenser avec un esprit qui avait un peu évolué sur plusieurs notions.

    C'est de la sociologie très accessible basée tant sur des expériences en sciences sociales que sur des entretiens ou encore des spéculations dans la dernière partie (ce qu'il dit lui-même)

    L'ouvrage cherche à répondre principalement à 2 questions:

    • Les extrémistes sont-ils fous?
    • Comment devient-on extrémiste?

    Bronner répond à la première question avec ce tableau-ci:

    Gérald BRONNER - LA pensée extrême

     

    croyances transsubjectives: croyances qui sont partagées par une part très importante de la population.

    croyances sociopathique: croyances qui se fondent sur l'idée d'une certaine promotion de la violence sociale.

    "« L’extrémisme, quelles que soient ses expressions, me paraît impliquer des postures mentales communes. Il qualifie une adhésion inconditionnelle à des croyances faiblement transsubjectives et/ou ayant un potentiel sociopathique. Ici la charge agonistique de la croyance est actualisée par le rapport inconditionnel que l’individu entretient avec elle. »

     

    Il ya un passage qui cite Courtois dans le livre noir du communisme. La préface de Courtois avait été plutôt mal reçue par une partie des lecteurs à une époque disant qu'on ne pouvait comparer communisme et nazisme. Ce qu'explique Bronner, c'est qui joue contre une telle thèse c'est que le nazisme est une idéologie sociopathique alors que le communisme malgré les preuves de ses méfaits jouit d'une image sociophile.

    Ensuite dans le chapitre "Comment devient-on extrémiste", Bronner part sur 4 pistes:

    • l'incrémentation (le "step by step", étape par étape). On ne devient pas extrémiste d'un coup mais on adhère d'abord à des idées faciles d'accès et assez transsubjectives. Ici Bronner reprend la dynamique sectaire
    • L'oligopole cognitif. Dans le marché cognitif, l'individu peut se voir privé de pluralité et par conséquent les idées extrêmes deviennent majoritaires autour de lui (Ce sont les biais de confirmation ou encore les bulles cognitives)
    • L'adhésion par frustration. C'est-à-dire l'idée que dans une société démocratique, promis que nous serions à un destin exceptionnel sans cesse bafoué par le réel, la frustration entraînerait un esprit de revanche contre la société
    • L'effet de dévoilement (épiphanie), qui est ce processus cognitif qui entraîne en sentiment intense lorsque l'on pense avoir compris un événement caché. Ce que l'on retrouve dans les théories du complot.

    Dans les courts chapitres qui concluent l'ouvrage, à la recherche du comment on peut s'opposer à la pensée extrême, Bronner évoque les biais cognitifs (la négligence de la taille de l'échantillon par exemple) qui font que notre heuristique est un processus de pensée extrêmement (et utile) fort contre lequel il faut souvent se battre pour favoriser  ce qu'il appelle la commensurabilité, la faculté par un système d'aller-retour les conflits argumentatifs intra-individuels entre intérêts et valeurs. 

    L'ensemble est cohérent et l'on retrouve des auteurs connus ici (Daniel KahnemanNathalie Heinich sur un chapitre très intéressant sur l'art contemporain.)

    A lire!

    « coucher de soleil, abbaye aux Damesune des premières phrase écrite par un de mes fils »

  • Commentaires

    1
    Marie
    Mardi 23 Juin 2020 à 10:36

    " c'est qui joue contre une telle thèse" j'ai pas compris ce passage, coquille? (paragraphe sur le livre noir du communisme)

    2
    Marie
    Mardi 23 Juin 2020 à 10:38

    Tu me l'ajoutes à ma pile en prêt?

      • Mardi 23 Juin 2020 à 14:47

        Celui-là, pas de problème, je l'ai acheté deux fois... hum...

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