Après avoir lu de nombreux livres sur les biais (ici, ici, ici ou encore là), j'en arrive aux sources (ou presque)

Daniel Kahneman a reçu le prix Nobel d'économie alors qu'il n'est pas économiste mais psychologue. Mais c'est l'un des pères de l'économie comportementale. Il a fait évoluer le regard sur l'individu économique qui n'est pas rationnel comme le voulait la théorie orthodoxe mais justement soumis à des biais qui biaisent sa réflexion. (Et cela vaut pour tous les autres domaines)

En gros, nous pensons à travers deux systèmes (système est ici une image, il n'y a pas réellement de systèmes différenciés à l'intérieur de notre cerveau mais des modes de raisonnement). Le système 1 est intuitif, rapide, alors que le second est lent, analytique et paresseux. L'intuition n'est pas dévaluée; mais n'est pas adaptée à toutes les situations et amène à faire des erreurs. Ces erreurs pourraient être corrigées par le système 2 mais celui-ci est difficile à mettre en oeuvre.

Pour expliquer alors (grâce à la psychologie sociale) les erreurs de raisonnements, les décisions absurdes, il va mettre à jour (lui et d'autres) tout un tas de biais:

• le biais de substitution: il nous arrive parce qu'un problème, une question est difficile de répondre à une autre
• la pensée heuristique qui fait privilégier les sentiments à laréflexion
• l'ancrage qui rejoint l'amorçage (petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens que  nous avons offert à plusieurs reprises)
• le biais rétrospectif qui nous fait croire que nous aurions pu prévoir les choses, nous faisant alors penser que nous pouvons prévoir le futur)
• nos difficultés à appréhender les statistiques (théorème de Bayes par exemple)
• ...

De nombreux biais sont présentés avec les expériences réalisées. Le lire est assez long (500 pages)mais cela se fait de façon agréable.

Je trouve ce type d'ouvrage vital dans une perspective d'humilité. Savoir que nous sommes victimes de nous-mêmes alors que nous nous enorgueillissons d'être des individus doués de raison et que nous nous persuadons souvent que nos actes sont mus par une pensée cohérente.

P.S pour le théorème de Bayes, tentez de résoudre ce petit problème: