• Jared Diamond -Effondrement

    Jared Diamond -Effondrement

    J'ai découvert le terme de collapsologie tout récemment. Apparemment, il y a eu toute une série d'émissions cet été sur France Culture. La collapsologie, c'est la science de l'effondrement, de la disparition des civilisations.

    Jared Diamond, je l'aime bien. C'est lui qui a écrit De l'inégalité parmi les sociétés (essentiel à lire) et le troisième chimpanzé. (intéressant aussi)

    Ce livre date de 2005. Il traite du comment. Comment les sociétés peuvent s'effondrer. À savoir comment des civilisations qui ont été prospères ont pu régresser, puis disparaître. Diamond va se servir d'exemples passés célèbres(L’île de Pâques, les Mayas et les vikings au Groenland (même s'il y a débat apparemment pour ce dernier cas).

    Le terme qui revient le plus dans ce livre de 600 pages, c'est celui d'érosion. Dans l'étude des civilisations disparues  grâce à l'archéologie, la paléoclimatologie, la palynologie (j'ai appris un mot: c'est l'étude des pollens), l'érosion provoquée par l'homme et l'usage qu'il fait du sol depuis l'avènement du paléolithique en déforestant ou en cultivant abusivement la terre, est un des facteurs les plus importants de la destruction de son environnement fini (dramatique sur île isolée) entraînant famine, désorganisation et finalement disparition de la société tout entière.

    En réalité Diamond va étudier nombre de cas selon 5 facteurs: la dégradation environnementale, le changement climatique qui va entraîner des inadaptations par conservatisme, l'hostilité des voisins, la perte des partenaires commerciaux (dramatique lorsqu'une société n'est pas autonome,et les réponses qu'apporte la société.

    Puis il va aussi étudier des cas contemporains: Rwanda (Dans certaines régions, des Hutus ont massacré d'autres Hutus semble-t-il pour des raisons de répartition de terres, le Montana (premier chapitre), les différences entre Haïti et la République Dominicaine, la Chine et l'Australie.

    Le tout se termine par des propositions d'actions dans ce type de chapitre final que je qualifie de "fleur au fusil" parce que l'on ne veut pas tenir un propos trop tragique.

    Si on fait le bilan du livre, cela laisse peu d'espoirs malgré quelques exemples positifs dont celui ironique sur le régime dictatorial Dominicain qui a eu une politique visant l'autonomie et l'écologie lors qu'Haïti, voisine, s'est enfoncée dans la misère. Le Japon a su arrêter la déforestation avant qu'elle ne soit dramatique. En réalité, Diamond oppose deux types de solutions: une par le haut, une par le bas. Par le bas, c'est dans le cas de sociétés simples, avec peu d'habitants qui ont su prendre de bonnes décisions et par le haut, ce sont des sociétés hiérarchisées, complexes dont le pouvoir a su prendre des décisions efficaces par incitation positive ou négative.

    Quid de nous? 
    Sur une planète à l'économie néo-libérale mondialisée, chimique, à la population toujours croissante demandant un niveau de vie équivalent à celui du premier monde, à la demande énergétique explosive, à la technologie ambivalente, à l'utilisation irréfléchie des ressources finies, à la pollution des sols et de l'air, à la difficulté de se préoccuper de délais que l'on a du mal à appréhender, au conservatisme de pensée et à la division des intérêts culturels?

    En fait, si l'on considère l'environnement comme un système extrêmement complexe ayant un principe de coévolution lent, l'homme, mobile, excessif, n'est qu'un parasite qui détruit son propre milieu. Le hic, c'est que contrairement aux sauterelles qui dévastent des régions, celles-ci, une fois les ressources dévastées vont ailleurs. L'homme, lui, n'a qu’une planète.

    Je laisse aux le soin à tout un chacun de conclure et d'en tirer les conséquences. Moi, à part une dictature mondiale écologique, je ne vois pas...

    On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas. Mais bon, on a bien le droit de manger son steak, de partir en avion à l'autre bout du monde, de polluer par procuration en achetant des téléphones portables toujours aussi insatisfaisants au bout du compte... Mais il est tellement facile dans notre société du plaisir de renvoyer l'autre à un ascétisme de pisse-froid, synonyme d'aigreur. (Alors que nous pourrions viser la convivialité, Ivan Illich en cours)

    Jared Diamond est assez exhaustif, il aime décrire précisément, citer, multiplier les données. Cela ne donne que plus de poids à sa démonstration. En plus, on ressort vraiment moins bête.

    Pendant la semaine, Libération a sorti un article citant le livre.

     

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