• Jean-François REVEL - La Connaissance inutile

    Jean-François REVEL - La Connaissance inutile

    C'est par une citation tirée d'un article qu'une amie à lu que je me suis décidé à acheter cet ouvrage.

    Il commence par:

    "La première de toutes les forces qui mènent le monde est le mensonge"

    Nous sommes en 1988.  Mitterrand a été élu il y 7 ans. l'URSS s'apprête à tomber. Mais Jean-François Revel, libéral estime que malgré une inflation d'information, la Vérité n'est toujours pas à notre portée. Il pourrait dans un futur qu'il n'avait peut-être pas imaginé poster ce type d'image sur tweeter:

    L’image contient peut-être : texte 

    Mais nous sommes toujours en 1988 et pour lui, ce n'est pas vraiment la bêtise qui est en cause. il s'agit plutôt de tout un tas de facteurs que l'on pourrait résumer par ce paragraphe du chapitre 12:

    Selon la vision canonique de notre monde, il y aurait d'un côté les intellectuels, les artistes, les écrivains, les journalistes, les professeurs, les autorités religieuses, les savants qui défendraient depuis toujours , envers et contre tous, la justice et la vérité, puis, de l'autre côté, les puissances du mal: les pouvoirs, l'argent, les fauteurs de guerre, les affameurs et les exploiteurs, la police, les racistes, fascistes et dictateurs, l'oppression et les inégalités,, la droite en général et un peu la gauche, dans un petit nombre de ses déviations éminemment passagères et atypiques."

    Et je dois bien dire que depuis 38 ans maintenant, cela n'a pas vraiment changé. Les rapports de pouvoir ont évolué mais les discours amplifiés par le morcellement de la communication (les réseaux sociaux) divisent toujours autant entre les porteurs de la bonne parole et les tendances fascistoïdes que sont tous les autres, coupables soit de promouvoir l'oppression (dont la définition et la dynamique est plus que floue) quelle qu'elle soit à condition que celle-ci ne soit pas la leur.

    Alors, bien sûr, les exemples qu'utilise Revel ne sont plus d'actualité (Marxisme, dictatures communistes, débats français de l'époque), de nouvelles grilles de lecture sont apparues (racialisme, néo-féminisme, discours sur le genre...) mais les excès sont toujours présents, les biais (effet de polarisation, bulles cognitives...) plus que jamais d'actualité. Car si Revel remarque les tendances de la part de certains de s'octroyer le beau rôle, cette distribution entre le Bien et le Mal sont toujours présents d'autant plus que les mémoires au fil des générations tendent à oublier les excès de leurs aînés. Pour lui, et je ne suis pas loin de le penser, le socialisme et qui plus est le communisme sont voués à l'échec.

    Et Revel de taper sur les journalistes (à 80% de "gauche"), le journalisme "de combat" qui oublie l'objectivité au profit d'un but politique, les enseignants qui ont oublié toute idée d'excellence, de la fonction de l'accusation en racisme dévoyé, de l'aveuglement des gens de gauche envers leurs propres travers...

    C'est un discours qui est toujours présent. C'est un livre qui pourrait être réécrit avec d'autres exemples. C'est un peu démoralisant de voir que certaines choses ne changent pas. Si la connaissance est inutile, ce n'est pas parce que par essence, elle ne serait pas utile mais parce que l'analyse qui en est tirée est davantage usée de façon partisane qu'indépendante.

    Ce qu'on lit aussi à travers tout cet ouvrage, c'est la méconnaissance qui date donc d'il y a longtemps, de la philosophie libérale toujours accusée, de par "le camp du Bien" (toujours prompt à dénoncer sur un plan moral ce qui ne va pas dans son sens) , d'être de droite et donc à combattre.

    Une critique plus complète, ici.

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