• Nicolas Bouvier - L'usage du monde

    Nicolas Bouvier - L'usage du monde

    Il ya quelques livres qui sont fondateurs. Vous vous souvenez du lieu de l'achat, de l'ambiance de lecture. Et puis, ce sont des livres après lesquels vous ne cesserez de chercher à travers d'autres. En vain.
    En vain, j'ai cherché à travers des dizaines d'autres récits de voyage ce vers quoi m'a entraîné L'usage du monde.

    Je l'avais acheté une semaine pluvieuse dans la librairie à la Baule. (chien fou, pluie, Jean tout petit) Je l'avais lu d'une traite. Entre temps, j'ai dû le prêter. On ne me l'a pas rendu (quel meilleur usage pour un livre de voyage que de voyager finalement?) et j'ai dû le racheter récemment parce que je voulais retrouver cet élan premier. Au risque d'être déçu d'ailleurs.

    Lorsque j'étais petit, je voulais faire aventurier, un mélange d'Indiana Jones et de Commandant Cousteau. Je m'aperçois qu'adulte, j'ai eu des dérivés de chacun de leur couvre-chef...
    Lorsque j'étais petit, je voulais faire aventurier, et puis je crois que c'était bouché ou alors je me suis trompé après le bac. Ce n'est pas du tout ce que je suis devenu. Ou alors un aventurier du quotidien à la manière de Boucq, une sorte de Jérôme Moucherot bien content de revenir vivant après chaque sortie dans la jungle du quotidien.
    Donc on finit par chercher une certaine aventure par procuration.

    Et pour la deuxième fois je n'ai pas été déçu. La première fois, j'y suis entré sur les propositions d'une table de libraire. Peut-être avais-je lu la quatrième? Je ne me souviens pas. Pour cette deuxième lecture, il ne me restait que des impressions qui avaient besoin d'être confirmées.

    Il ne s'agit pas ici d'aventuriers tels les Barentz, les Shackelton, les La Pérouse qui ont écumé les mers pour leur gloire ou celle de leur roi, pour trouver des passages en y risquant leur vie, pour conquérir des territoires pour la gloire d'un dieu ou d'un despote. Non, Nicolas Bouvier et Thierry Vernet partent de l'Europe de l'est en voiture pour traverser ensuite la Turquie, l'Iran, le Pakistan.
    ils partent dans une voiture de fortune, avec un peu d'argent, et leurs mains. L'idée, même si elle n'est pas vraiment précisée, c'est de partir et de gagner un peu sa vie en chemin en vendant des articles ou des tableaux. Partir pour partir.

    Il était possible de partir en 1953 ainsi, sans vraiment risquer sa vie. Aujourd'hui, les frontières sont imperméables, les idéologies contrariantes, les théologies cloisonnantes, la xénophobie étouffante.

    Le récit de Nicolas Bouvier est très beau. La langue est très élégante et très riche. on sent un personnage qui se nourrit de beauté, que ce soit celle des paysages ou de celle des individus. Les montagnes sont un lieu incroyable.
    Nulle volonté de retracer une quelconque odyssée où serait vantés le courage et l'abnégation des voyageurs. Malgré la voiture, c'est un récit où est promue la lenteur et les rencontres. Ils prennent leur temps, ils prennent du retard et c'est toujours au profit d'un regard où la beauté transparaît toujours.

    À notre époque où les terrae incognitae ont disparu, où les idéologies et les nations empêchent une certaine circulation, où le tourisme de masse dévoie la notion d'exotisme, Nicolas Bouvier nous rappelle que c'est le voyage qui fait le voyageur et non sa destination, que c'est le temps et le regard portés qui transforment l'individu et non la vitesse ou l'accumulation des destinations.
    il vaut mieux se déplacer lentement près de chez soi, que de s'offrir des semblants de vertiges formatés à l'autre bout du monde.

    Je sais qu'il était au programme de l'agrégation. J'ai du mal à évaluer ce qui peut en être dit. Cela me semble tellement loin de la littérature classique.

    [Y'en a qui l'ont lu?]

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