• Arthur Koestler - Croisade sans croix

    Arthur Koestler - Croisade sans croix

    Arthur Koestler - Croisade sans croix

    Je crois que ce qui fait la force d'Arthur Koestler, c'est sa capacité à comprendre le monde, les forces qui s'entrechoquent, les rapports humains et de réussir à les synthétiser, à les incarner dans ses personnages pour faire comprendre le monde qu'ils habitent et qui les habitent.

    Ici, nous avons un individu, Peter Slavek que l'on comprend être un opposant communiste au régime nazi même si les deux idéologies ne sont pas citées) débarque, très abimé physiquement à Neutralia, ville ou pays neutre d'Europe, fuyant son pays et pour tenter, c'est son souhait premier de s'engager dans les forces qui combattront son ennemi juré.

    Koestler va alors créer de toute pièce une sorte de huis clos européen où se fréquentent des réfugiés, vieilles connaissances ou non, fugitifs fuyant une guerre inéluctable qui va meurtrir le continent.

    A la confrontation des idéologies, il va ajouter la psychanalyse (et un peu de christianisme). Je ne sais s'il s'agit d'une critique ou d'une simple illustration du temps, mais il y aura une longue partie consacrée à l'étude des rêves, à la transposition du romanesque dans une sorte de thérapie à peine voilée.

    Par contre, ce qui émane de ce noeud d'idées gigantesques pour le siècle, c'est la tragédie. Contre le soin, contre la transformation de soi, c'est le sentiment de l'inéluctabilité du destin malgré toutes les oeuvres analytiques. Qu'y a-t-il à soigner dans le sacrifice? la référence explicite lors d'un rêve à la croix (invisible), c'est bien la nécessité du personnage, son incapacité (est-ce d'ailleurs une incapacité?) à survivre aux forces du temps, à ses propres convictions, à l'enchaînement à sa lutte qui l'empêche de rejoindre l'illusion (un continent en paix et un amour indéterminé)

    Quelques passages extrêmement forts: celui sur les trains mixtes (cela se savait donc en 1942) ou encore les scènes de torture, racontées sans voyeurisme.

    Le roman est moins bien construit que le zéro et l'infini. Croisade sans croix est davantage découpé en périodes (arrivée, le présent, le passé, l'avenir) avec leurs thèmes ou personnages propres, un peu trop compartimentées peut-être mais quelle talent pour nous faire comprendre les énergies de leur temps qui circulent à travers les hommes.

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