Je ne le savais pas en achetant le livre, mais Thomas C Durand est un des principaux contributeurs au groupe zététique sur Facebook. Preuve que les réseaux sociaux sont ce que nous en faisons. La zététique, c'est cette démarche qui cherche à déconstruire le paranormal, les pseudosciences et les thérapies étranges.
Loin des caméras, des réactions à l'actualité, des interviews de chercheurs, Thomas C Durand consacre donc un ouvrage à ce que nous sommes, nous, résultante de l'évolution.

Je vais divulgâcher le titre. L'ironie de l'évolution, c'est que l'évolution, à travers son mécanisme de sélection du plus adapté, a "fait" de nous des animaux capables de construire cette réflexion autour de l'évolution en ayant pourtant un cerveau qui a beaucoup de biais empêchant de la comprendre ou de l'accepter.

Ce livre se veut pédagogique. Pour commencer, il discute des postulats de la "théorie de l'évolution". (Ce terme est d'ailleurs polysémique, comme s'il était la résultante de son incertitude. Or, aujourd'hui, l'évolution est diablement bien documentée dans tout un tas de domaines (paléontologie, zoologie, anthropologie, ambryologie, génétique, anatomie comparée...) Elle est un consensus scientifique, s'adaptant toujours aux nouvelles découvertes. SI Freud se voulait être la troisième révolution cognitive, c'est parce qu'il se voulait l'égal de Copernic et de Darwin. Concernant Freud, c'est loin d'être gagné.

Ces postulats, ces sous-jacences sont

• qu'est-ce que la science?
• l'entropie qui est liée au temps (il y a entropie, à partir du moment où il y a irréversibilité)

A partir de là, il donne les éléments qui permettent de penser l'évolution ainsi que les idées fausses qui s'en dégagent ou qui ne sont pas comprises: l'évolution n'est pas une marche vers la complexité, l'évolution n'est pas un lamarckisme. L'évolution n'est pas due au "hasard".

Une fois fait (c'est assez court), l'auteur va nous parler de notre cerveau, siège des fonctions cognitives. Il nous dit qu'il "n'est pas fait pour penser" car victime de nombreux biais

• le biais essentialiste, qui fait que nous pensons que les choses existent par essence, pour elles-mêmes,figeant nos représentations
• le biais téléologique: que tout existe en raison de cause finales: les girafes ont acquis un long cou pour leur permettre de manger des feuilles en hauteur
• la perception d'agent (dérivant vers le biais d'agentivité) c'est cette fonction qui nous fait identifier par défaut des menaces (prédateur) dans les stimulis que nous n'arrivons pas à identifier. Mieux vaut un faux positif, qu'un vrai négatif. Les animaux non pourvus ne survivant pas et seuls les transmetteurs de ce gène "prudent" pouvant donc se reproduire.

Ensuite, vient bien sûr la question des croyances. On retrouve ici trace d'auteurs déjà lus comme Boyer ou Dawkins ou pas encore comme Russel). Il traite donc des résistances à la notion de l'évolution parmi les croyants.
Il parle bien évidemment des États-Unis et de la France (situation particulière par son détachement de la religion).
Parmi les éléments intéressants, la particularité des autistes ayant de moindres compétences sociales et croyant donc moins en dieu que le reste de la population. Ils seraient donc moins capables de déceler une intention divine (à l'allure humaine) dans ce qui les entoure.
Il serait donc contradictoire que les hommes, résultants de l'évolution, rejettent dans leur majorité cette théorie. Il n'en est rien. La religion en tant que croyance partagée, lien social, serait utile pour leur survie, pouvant par là réduire son anxiété... (c'est là une autre théorie que celle de Boyer qui voyant dans la religion un méta-mème.)

Il termine (parce que c'est son domaine) sur une extension des biais cognitifs aux théories du complot. Ces mêmes biais étant vecteurs (agentivité, téléologie) de croyance en systèmes cherchant à atteindre un but caché...

[y'en a qui on lu ou qui connaissent l'auteur?]