Je trouve le titre (traduit) très mal trouvé. En anglais, le titre, c'est Between the world and me. Je ne sais pas qui a traduit le titre mais c'est mal venu. Associer l'expression de la colère noire à la fureur, à l'outrance de la colère, c'est ne pas avoir lu le contenu. En aucun cas, il y a débordement des humeurs. C'est au contraire une colère froide, analytique qui est présente ici. En espagnol, c'est Entre el mundo y yo, en allemand, c'est zwischen mir und der welt...

Il faudra qu'on m'explique ce choix éditorial.

Il s'agit d'un essai de la condition noire aux Etats-Unis. C'est important de le dire. Il n'y a pas d'universalité du ressenti de la condition minoritaire phénotypique dans le monde. Tout dépend de l'histoire et du présent.

Il ne s'agit pas d'une analyse à proprement parler, construite, argumentée mais une lettre à son fils (bon pas seulement puisque je l'ai lue) sur son vécu en tant que noir né en 1975, fils d'un ancien black panther. Il y mêle à la fois son histoire, l'évolution de sa pensée, son vécu face à aux exactions d'une certaine police américaine et à son impunité. A son fils, il exprime sa peur.

Ce qui est intéressant dans le livre c'est que l'auteur raconte comment s'est constituée sa pensée. Il insiste bien sûr sur la notion de cadre social qui engendre les inégalités dons souffrent les afro-américains. "Le problème avec la police, c'est qu'elle est constituée de porcs fascistes masi que notre pays est dirigé par des porcs majoritaires"

L'auteur est athée et matérialiste et lorsqu'il parle (souvent) de son corps, c'est peut-être le point le plus intéressant, c'est qu'il considère qu'il n'y a pas de dualilté corps/esprit. Il est son corps, il est indissicable de sa couleur de peau. Cependant l'analyse mériterait d'être plus poussée.

Il parle aussi de l'école comme l'un des deux versants de l'avilissement de la condition noire (l'autre étant la rue). Mais cela reste trop superficiel. En gros, je crois avoir compris qu'il en croit pas en la méritocratie scolaire comme possibilité d'émancipation au vu des conditions sociales. Lui, dit-il, s'est extrait grâce à sa grand-mère qui le faisait écrire et réfléchir lorsqu'enfant, il était puni dans le cadre scolarie. 

Intéressante aussi est sa vision de Paris (mais il n'a pas vu les banlieues)

L'analyse n'est donc pas très poussée même si le texte est parfois touchant lorsqu'il parle des se proches assassinés par la police. Il y a tout un tas de références qui ne parlent pas à l'occidental que je suis.

La notion de race (encore une fois pas très poussée) est très ambivalente dans le texte. On ne sait pas trop où il se situe, mais sachant que la ntion de race ne porte pas la même valeur dans les deux langues et les deux cultures...

J'aurais bien une image positive de cet auteur s'il n'avait pris pas fait la critique de Zoé Saldana pour le rôle de Nina Simone, pas assez noire, au nez pas assez épaté à son goût...
(lien vers un article de libération écrit par Tania de Montaigne. Un des commentaires permet de mettre en perspective, à défaut d'accepter le postulat de Tae-Nehisi Coates)