• Erwin Schrödinger - Qu'est-ce que la vie?

     

    Erwin Schrödinger - Qu'est-ce que la vie?

    De la physique à la biologie

    Parfois, on voit un livre, on le prend et sans s'en rendre compte, on vient de se lancer un défi...(Ce que j'aime aussi chez Memoranda, c'est qu'a contrario des librairies de livres neufs, les livres présentés ne dépendent pas de l'acutalité, et quelque part, les livres arrivés au petit hasard des ventes viennent bousculer nos habitudes.)

    Donc, je me retrouve avec un livre de Schrödinger entre les mains sans autre connaissance qu'une bande dessinée que je croyais bien faite (j'y reviendrai) et une impression de mont Olympe de l'intelligence tant les concepts sont contre intuitifs.

    C'est un petit livre qui fait, sans les préfaces ni la postface, 150 pages. Le tout est composé en petits chapitres, (pratique pour faciliter l'attention). Sincèrement, je n'ai pas tout compris tant certains concepts demandent des connaissances préalables, mais le propos reste compréhensible dans son ensemble.
    Schrödinger tente donc de lier la physique à la biologie, il cherche à comprendre et explique comment le macro, les organismes sujets à la physique newtonnienne, nous pouvons être alors que composés de molécules, celles-ci sont sujettes à la physique quantique.
    Car la notion d'échelle est importante: il y a le macro, nous les individus, et la micro.

    On comprend grâce à certaines analogies et aussi grâce à l'esprit de synthèse de l'auteur que toute molécule est soumise au mouvement brownien (ça j'ai enfin compris) mais qu'une quantité plus importante de ces mêmes molécules sont soumises statistiquement à la physique de la gravité.

    Il cherche donc à comprendre comment l'infiniment petit (les gènes) soumis aux vibrations, au quantique peut être porteur à la fois des mutations et du vivant. D'après plus scientifiques que moi (les pré et postfaceurs), Schrödinger s'est trompé dans son intuition en confondant le caractère génétique et épigénétique dans l'hérédité. Le livre semble avoir eu une grande importance chez les biologistes de l'époque.

    Un point abordé est la différence entre l'entropie propre aux atomes et la stabilité de la vie (organismes), il dit en gros que notre néguentropie est possible car nous consommons de "l'énergie"pour nous stabiliser, pour éviter la mort.

    Le gros hic dans tout cela et qui est lié aujourd'hui avec beaucoup de pata-sciences, c'est la mystique quantique. Schrödinger était croyant, au moins dans la transcendance. D'ailleurs son ouvrage, avant l'épilogue philosophique) se termine sur cette phrase:

    "la roue dentée [métaphore d'une horloge] en question n'est pas de grossière fabrication humaine, mais constitue le chef-d'oeuvre le plus délicat jamais fabriqué suivant les principes de la mécanique quantique du Seigneur".

    Et tout l'épilogue est une sorte de sortie en roue-libre où Schrödinger laisse libre cours à une sorte de théologie moniste où la conscience (qu'il ne définit pas) de l'individu serait en sorte de continuité d'une conscience unique à l'échelle de l'univers. Il tente une sorte de synthèse entre la mécanique quantique et des religions (spiritualités, écoles) asiatiques.
    Ce n'est pas qu'il soit croyant qui soit gênant, de nombreux chercheurs le sont. Mais c'est un pan de son identité de chercheur qui n'est pas connu, laissant à penser que ses considérations philosophiques sont à prendre pour argent scientifique alors qu'ils ne sont que tentative de syncrétisme. Il fait dans un même paragrpahe coïncider de façon égale âme et conscience.
    On retrouve ici une sorte "d'air du temps" (Jung, Pauli) qui ont tenté de donner des lettres de noblesse à des considérations métaphysiques monistes en se servant de la physique quantique.
    Et lire, ou prendre en compte des écrits d'une personne aussi fameuse que Schrödinger, c'est donner du crédit (effet de halo) à des propos qui s'écartent de son domaine scientifique.

    Pour en revenir à la vulgarisation scientifique et à la bande-dessinée dont je parlais plus haut, pour des concepts aussi éloignés de notre umwelt et pour lesquels notre pensée intuitive n'est pas adaptée, je pense qu'il faut se méfier au plus haut point du langage forcément limitatif, des expériences de pensée, des analogies qui laissent à penser que l'on comprend en substance et en conséquence les concepts les plus ardus (comme le fameux chat et mort et vivant).
    Il en va de même avec la BD en question concernant ce qui est écrit/dessiné: elle nous offre pour argent comptant toutes les théories qui sont dessinées, ne prévenant pas (prudence) que les multivers (par exemple) ne sont que des spéculations, laissant libre cours à de nombreux délires.

    [Y'en a qui ont lu? ou qui en savent des trucs et des machins?]

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