[...] admettre une tolérance, c'est autoriser la contamination de denrées alimentaires destinées au public dans le but d'accorder aux producteurs et aux industries de transformation le bénéfice d'un moindre prix de revient; c'est aussi pénaliser le consommateur, en lui faisant payer l'entretien d'une police économique chargée de veiller à ce qu'on ne lui administre pas de doses mortelles de poison. Mais étant donné le volume et la toxicité des ingrédients agricoles actuels, ce travail de contrôle demanderait, pour être bien fait, des crédits que nulle assemblée n'oserait jamais voter. En conséquence la police est médiocre, et le consommateur est à la fois pénalisé et empoisonné.

                                                                                          Rachel Carson, Printemps silencieux, 1962

Le livre de Rachel Carson a initié le mouvement qui a mis fin à l'utilisation du DDT aux Etats-Unis. Le livre est aussi une des origines du mouvement écologiste aux Etats-Unis.

Le livre met en avant plusieurs points:

• L'uilisation hors de contrôle de produits chimiques
• De la destruction aveugle des animaux qui ont fait suite à leur consommation des insectes détruits (rongeurs, oiseaux...)
• Les conséquences carcinogènes sur la santé de ces produits chimiques (heptachlore entre autre)
• Des effets cocktails des différents biocides
• Des chaînes alimentaires qui, à partir de la plus petite proie, viennent augmenter la dose de poison dans les graisses des prédateurs (jusqu'à nous, l'homme)
• de la pollution des nappes phréatiques qui témoignent du contrôle impossible de la restriction géographique des traitements chimiques
• De la volonté de détruire des espèces animales supposées nuisibles sans réflexion aucune, entraînant d'ailleurs à moyen terme la prolifération de celles-ci ou d'autres espèces auparavant régulées par les insectes détruits;
• ...

On pourrait se dire que maintenant en 2018, après cette prise de conscience, tout est réglé, que les générations apprennent, que les décideurs, responsables politiques, savent quelles sont les bonnes décisions à prendre, parce que celles-ci sont solidement argumentées et puis, en même temps que la lecture de ce livre on apprend un nouveau scandale, celui du chlordécone aux Antilles. (On sait aussi comment les vignes sont encore et toujours traitées, principalement dans le bordelais)

Car Rachel Carson a raison, nous (en tant que société) agissons toujours sous le coup du court terme, imposant aux générations futures le soin de payer les traitements imputables aux traitements chimiques.

La nature est bien faite, elle tient un équilibre et nous, arrivons avec notre génie chimique a vouloir contrôler la nature. Nous imposons un déséquilibre à notre désavantage, mortel.
C'est d'ailleurs sur ce point que vient se finir le livre: nous avons des solutions pour traiter respectueusement nos cultures.

Nous retrouvons beaucoup de thèmes lus dans notre poison quotidien, nous faisant dire qu'il est des combats sans cesse renouvelés.

Le livre de Carson n'est pas essentiel en soi aujourd'hui, parce que le combat contre le DDT est aujourd'hui gagné, mais il est nécessaire pour montrer que la lutte conte l'agrochimie est un combat culturel qui concerne les agriculteurs en premier lieu. Notre seul moyen de faire bouger les lignes? Manger bio, favoriser les circuits courts, valoriser les AMAP. Malheureusement, la temporalité politique est trop longue comparée à la temporalité corporelle, transformés que nous sommes en cobayes. Des décennies pour interdire des produits alors que nous n'avons que quelques décennies pour ne pas mourir trop jeunes.