Nosu croyons souvent être les premiers. On s'enorgueillit de mots, de belles paroles, pensant innover, écrire l'avenir. Nous parlons d'inclusion, d'intégration, de valorisation des rôles sociaux, nous croyons être des précurseurs alors que bien souvent des expériences liminaires peuvent nous éclairer sur nos propres pratiques, les mettre en perspective. Souvent des expériences passées ont permis ce qui semble aujourd'hui moderne.

C'est le cas ici de Dun-sur-Auron.

A partir de 1895, sous l'impulsion entre autre d'Auguste Marie, des "aliénés tranquilles", souvent des femmes ont colonisé un village, ont été hébergés chez l'habitant. C'était l'occasion à la fois de dépsychiatriser (bien avant l'antipsychiatrie des années 60 et s'inspirant d'un modèle écossais) nombre de patients tout en faisant des économies substantielles. Cette forme d'hébergement coûtant trois fois moins cher qu'une place en hôpital psychiatrique.

Juliette Rigondet qui est originaire de Dun nous retrace cette expérience incroyable sans la fantasmer, en y glissant les réussites et les écueils.

Elle évoque l'histoire de ce projet, son évolution, l'évolution du rôle des accueillants qui s'est professionnalisé, la place des patients, la vision que les habitants pouvaient avoir d'eux, le bien-être des malades, les difficultés, le cimetière si spécifique. Tout cela se faisant aussi à partir des profils des patients exhumés grâce aux archives.

L'ouvrage est très complet et offre une vision sur plus d'un siècle de cette expérience qui permis de sortir des patients pouvant vivre en autonomie hors les murs des institutions fermées. Elle le fait sans vision irénique, sans naïveté.

Ce serait un ouvrage à faire lire aux professionnels du social, du médical et du médico-social pour leur culture personnelle. Moi, c'est fait.

Des liens qui évoquent l'ouvrage: ici,