• Marcel MAUSS - Essai sur le don

    Marce MAUSS - Essai sur le don

     

    J'ai donc découvert Marcel Mauss en lisant Michéa et Porcher. Donc, on va chercher la source.

    Marcel Mauss est un ethnologue du début du XXè siècle. Dans cet essai, il cherche à identifier ce qu'est le don, à savoir les échanges non monétaires entre les personnes.

    Pour ce faire, il va condenser de la matière, à savoir les recherches sur le terrain effectuées par d'autres.
    ce qui est intéressant (et peut-être critiquable, nous le verrons plus tard) c'est sa démarche. Il va d'abord étudier des sociétés "archaïques", "primitives" puis les sociétés de droit germanique et romain pour ensuite étendre ses analyses à nos sociétés dans une assez courte conclusion.
    De ce que j'ai compris, c'est qu'il cherche à faire la généalogie du don. A savoir que sans l'expliciter, considérant que les sociétés tribales d'Océanie ou de l'Alaska, présentent une forme première de potlatch (le potlatch étant cet échange non monétaire qui lie les individus selon des rites bien précis) pour en chercher ensuite les reste s dans des sociétés plus récentes et en trouver peut-être des traces chez nous, occidentaux. Le cheminement peut paraître téléologique mais cela ne me dérange pas puisqu'il n'y a pas d'énonciation de supériorité de nos civilisations occidentales de la part de Mauss. Ce n'est pas un but, il semble pour lui qu'il y a des étapes dans la pensée, que la pensée par analogie, symbolique tend à disparaître dans nos sociétés rationalistes et libérales. Il semble considérer que des processus en cours dans des sociétés tendent à laisser des traces dans nos pratiques.

    Car dans la potlatch (ce n'est pas du chinois mais du chinook en fait), qui est un principe du don basé sur un système concurrentiel où l'on doit rendre plus que l'on a reçu, le don est incorporé dans tout un système symbolique qui fait que ce qui est donné incorpore la personne dans l'objet, dans l'échange, faisant un lien particulier entre les individus, où les objets portent davantage que leur propre matérialité.
    D'ailleurs le potlatch en ce qu'il est présenté comme un dérivé de la rivalité est un rite, symbolisant autre chose que ce qu'il est . (Cela rappelle d'ailleurs l'agression de Lorentz où les danses de séduction des poissons sont des dérivés des comportements d'agression)

    Donner, recevoir, rendre étant au cœur du potlach, entraînant une chaîne immense, symbolique, où celui qui ne rend pas se voit rétrogradé, humilié...

    Dans sa conclusion, Mauss parle de cette perte de rapports entre les individus, il ose utiliser un mot qu'on n'ose plus trop utiliser aujourd'hui sous peine de se voir accuser de réaction, c'est celui de morale. Non pas une morale religieuse imposée par une transcendance mais celle qui fait le lien entre les individus, où l'on se sent responsable de l'individu avec lequel on est en une interaction non monétaire, où il est question d'équilibre et de réputation. Effectivement quelle morale pour un peuple qui n'a plus que des relations de commerce? Quelle morale pour des personnes qui ne sont plus tenus par ce symbolisme premier?

    Mauss a apparemment été une des sources pour penser la redistribution à partir des années 30. Je veux bien le croire. Et le "donner, recevoir rendre est toujours d'actualité dans ces jours où ceux qui reçoivent (du commerce) ne rendent plus à la mesure de ce qu'ils ont reçu...

    "Il est bon peut-être qu'il y ait d'autres moyens de dépenser et d'échanger que la pure dépense. Cependant, à notre sens, ce n'est pas dans le calcul des besoins individuels qu'on trouvera la méthode de la meilleure économie. Nous devons, je le crois, même en tant que nous voulons développer notre propre richesse, rester autre chose que de purs financiers, tout en devenant de meilleurs comptables et de meilleurs gestionnaires. La poursuite brutale des fins de l'individu est nuisible aux fins et à la paix de l'ensemble, au rythme de son travail et de ses joies et - par l'effet en retour - à l'individu lui-même."

     

    Le livre n'est pas évident à lire. Il y a de nombreux termes issus de tribus nombreuses, de notes ramenant à des recherches d'autres ethnologues qui valent par leur authenticité et leur légitimité au concept de don, mais qui n’apportent pas grand chose à un généraliste comme moi.

    [On peut aussi,  à partir de ce texte penser les rapports de dons au quotidien ou des cadeaux que nous faisons lors de fêtes hivernales. Cela peut aller chercher loin, beaucoup plus loin de l'apparente gratuité du geste. N'attendons-nous pas de recevoir? créant ainsi le lien?
    Qu'en est-il aussi des cadeaux qui, industrialisés, réalisés à la chaîne n'incarnent plus grand chose?]

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