• Arthur Koestler - la lie de la terre

    Arthur Koestler - la lie de la terre

    La lie de la terre, ce sont les étrangers, les anti-fascistes, les métèques, les revenants de la guerre d'Espagne qu'ils avaient perdus, ce sont les allemands de la République de Weimar qui se sont retrouvés en France lors de la déclaration de guerre suite à l'invasion de la Pologne en 1939.

    « Mais la majorité, comme Poddach, la Polonaise et moi-même, avait déjà passé par les prisons et les camps de concentration d'Allemagne, d'Italie, d'Europe orientale ou d'Espagne. Nous avions été vaincus, en partie, par notre propre faute, en partie parce que les puissances qui auraient dû être nos alliés naturels nous avaient abandonnés et trahis. Peu d'années auparavant, on nous avait appelés martyrs de la barbarie fasciste, pionniers de la civilisation, défenseurs de la liberté, et quoi encore? La presse et les hommes d'État de l'Occident avaient fait beaucoup d'embarras à notre propos, probablement pour étouffer la voix de leur mauvaise conscience. Et maintenant, nous étions devenus la lie de la terre.
    Mais pourquoi ? Pourquoi ce déchaînement général et bizarre de haine contre ceux qui avaient été les premiers à souffrir de l'ennemi commun et dont la majorité s'était offerte à combattre dès le début de la guerre ? Il nous fallut longtemps pour comprendre ce phénomène et tout ce qu'il impliquait sur le plan sentimental et politique et, quand nous le comprîmes, ce fut pour nous l'explication d'un des principaux facteurs psychologiques qui finalement menèrent la France au suicide. »

    La lie de la terre, c'est le témoignage de Koestler, Hongrois qui habitait en France, qui se trouvait sur la côte d'Azur lors de la déclaration de la guerre et qui remonta sur Paris pour se retrouver ensuite interné dans un camp de concentration à Vernet. Camp de concentration d'où il pourra sortir grâce à des relations alors que de nombreux autres seront lors de l'invasion par les troupes allemandes donnés à la Gestapo. Vernet d'ailleurs qui en terme d'organisation n'aura rien à envier à certain camps (Koestler, le placera entre les camps espagnols qu'il a fréquéntés et Dachau bien connu à l'époque): froid, faim, traitements humiliants, sortes de kapos...

    C'est aussi le récit de la confrontation avec l'administration française qui apparaît liminairement comme un des rouages  bien conciliant avec l'envahisseur, faite de chefaillons, de sous-fifres et d'attentes impossibles. Confrontation aussi avec la police française qui se montrera également à la fois soupçonneuse par principe envers les étrangers et bien disciplinée pour que ne s'échappent pas ceux qui ont à perdre leur vie face à l'Allemagne nazie.

    C'est aussi le récit d'une fuite à travers la France pour rejoindre un port où il pourrait prendre un navire pour l'Angleterre. Fuite qui le mènera à Bordeaux, l'engagera dans la légion étrangère, l'emmènera en zone libre puis à Marseille où il pourra alors embarquer pour Lisbonne (là où se déroule croisade sans croix)

    C'est donc un panorama de la France entre 1939 et 1940 par un étranger qui vivra le sort réservé à une cinquième colonne fantasmée, qui vivra une xénophobie entraînant de nombreux opposants à être acculés dans un pays qui ne les protège plus, qui deviennent l'incarnation d'une lutte qui n'a plus lieu d'être au moment de la défaite.

    Koestler en réchappa contrairement à de nombreuses connaissances que nous croisons au fil du récit ou dont nous entendons parler. Et c'est juste avant de refermer le livre que nous revenons aux première pages

     

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