• Conseillé par un libraire dont le féminisme est un des thèmes de lecture.
    Il existe donc un féminisme islamique. 
    Ce livre est un ensemble de textes de féministes musulmanes et d'entretiens. C'est en le lisant que je me suis rendu compte que je lisais des textes de croyantes, ayant donc une pensée, dont les bases sont un texte révélé il y 1500 ans à un bonhomme qui entre autres s'envolera à dos de canasson.
    Le livre est assez répétitif plaçant les bases de ce féminisme, à savoir que ces femmes sont convaincues de pouvoir débattre de l'égalité homme/femme à partir des textes (le Coran principalement). Elles disent toutes que leur condition en tant que femme musulmane aujourd'hui soumise au patriarcat, ne dépend pas du texte dit révélé mais des textes interprétatifs (haddits, Sharia, ijma...) qui ne font que modeler les sources de l'Islam à la pratique masculine, patriarcale qui n'a qu'intérêt de genre à soumettre la femme.
    Le livre, datant de 2012, est contemporain aux révolutions arabes et les auteurs y mettent beaucoup d'espoir, espoir déçu aujourd'hui je pense. Quelle analyse font-elles de ces échecs?
    Elles demandent l'égalité dans la pratique liturgique, dans l'analyse des textes. Elles demandent que des femmes universitaires se penchent sur la question.
    Après, il est peu question de la place du féminisme islamique en France par exemple si ce n'est dans l'introduction et la conclusion de Zahra Ali. Elle qualifie d'ailleurs le féminisme des années 60-70 de féminisme bourgeois.
    On rejoint alors dans ce propos les luttes transversales: pour ces femmes, on doit lutter contre toutes les discriminations. Elles ne peuvent faire fi des luttes connexes liées aux problématiques de la racialité, de l'islamophobie, du postcolonialsme...
    Le truc, c'est que si Zahra Ali énonce les luttes dans lesquelles toutes les féministes peuvent se retrouver (différences de salaire, violences, viol...) elle ne parle pas du tout de la place de la religion dans la société, de son rejet dans l'histoire du féminisme français. D'ailleurs, je crois bien comprendre que ces croyantes réclament leur émancipation par une lutte interne à leur religion (quid d'ailleurs d'une religion décentralisée?), il y a une sorte de pas sur le côté puisque leurs droits (en France tout du moins) sont garantis par le code civil en premier lieu.
    Malgré tout, on ne peut que leur souhaiter le succès dans leur combat qui risque d'être de longue haleine malgré des postions familiales conservatrices voire réactionnaires: "les féministes musulmanes proposent une libération qui pose un tout autre rapport au corps et à la sexualité, un rapport marqué par des normes et une sacralisation de l'intime et par une défense du cadre familial hétérosexuel."


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  • Ouf, j'ai failli lire un livre lacanien...
    Le livre a été initialement éditée dans une collectioin dirigée par ce cher Jacques. Le titre est d'ailleurs une sorte d'hommage utilisant une expression lacanienne pour parler du plaisir du discours...
    Mais heureusement, le propos n'est pas lacanien ni abusivement interprétatif vis à vis du langage de Pétain.
    Il s'agit davantage d'un travail de sémiologie et de linguistique.
    Gérard Miller que je ne connaissais que comme personnage médiatique a étudié un grand nombre de discours du Maréchal Pétain entre 1940 et 1942, pour en faire ressortir les traits saillants, pour en faire émerger la dialectique spécifique qui a fait correspondre un homme déjà très âgé et une France qui a pu répondre favorablement à son désir de "Révolution Nationale".
    Un passage est très intéressant: Miller a fait rentrer les discours dans un programme de l'ENS de Saint-Cloud pour en tire rles co-occurences et comprendre l'utilisatition du quadriptyque pays/état/nation/patrie qui ne sont pas utilisés comme des synonymes mais qui ont bien une spécificité qui sert le discours pétainiste.


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  • Ouvrage étonnant. Lourd ouvrage d'ailleurs mais qui se lit très facilement
    Jean-Pierre Le Goff a étudié pendant plusieurs décennies le village de Cadenet (il y a des amis, a loué des maisons...) et il en fait une monographie assez complète. Son but étant de retracer les évolutions d'un village depuis la seconde guerre mondiale passant d'une société de "condition commune" à une juxtaposition d'individus.
    Sur la fin, lorsqu'il décrit le village contemporain, on retrouve certains de ses thèmes (individualisme, langage du management, éclatement de la cellule familiale,le dévoiement de la politique culturelle...) mais tout cela est fait à travers la foison de son analyse propre mais aussi à travers les témoignages quil a recueillis sur toute cette période. De multiples champs sont analysés (travail, agriculture, famille, mentalités, immigrations, politiques publiques...)
    Il n'est pas nostalgique d'un temps qui aurait été paradisiaque mais montre finalement que le chemin pris par les individus a surtout fait perdre du sens au commun. (preuve s'il en est de la victoire annoncée de la politique libérale aux élections prochaines.)
    Vraiment très intéressant pour démythifier le Village. Pour tous ceux qui fantasment un retour au village justement et pour tous les autres, pour comprendre une transition.


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  • Lu.
    Ce livre est un ensemble d'articles parus en diférentes occasions.
    (Compliqué= péjoratif, qui aurait pu être simple, complexe= articulé de nombreux composants.)
    Ne connaisssant pas Edgar Morin, je me suis dit, "tiens une introduction, ça va être sympa". Bon, en fait, le premier article énonce nombre de concepts scientifiques, ce qui le rend un peu abscon. Mais après, ça se lit plus facilement.
    Edgar Morin semble se situer à la frontière entre philosophie et science et il s'oppose à Descartes qui a énoncé le principe de réduction des éléments (disjonction/réduction/unidimensionnalisation). Lui, Morin reproche à cette approche (qui a permis nombre de découvertes tout de même) d'empêcher la prise en compte de la transversalité des connaissances, leur dialogue fécond, empêchant de prendre en compte la globalité de l'objet étudié sachant que l'observateur est un élément lui-même de la chose étudiée,que l'unité fait partie du tout et le tout fait partie de l'unité...
    Bref, Morin parle d'ouverture du champ de recherche et carrément d'un autre monde qui s'ouvrirait à nous grâce à sa pensée.
    N'étant pas scientifique, je ne m'étais pas aperçu que les champs de recherche étaient cloisonnés et avaient besoin de sortir de leur boîte sclérosante.
    Par contre, je trouve son écriture inutilement compliquée (ahahah) faite d'analogies qui perdent plutôt le lecteur, de métaphores.
    Il a écrit apparemment 6 volumes pour développer sa pensée (a priori, je ne les lirai pas) qui semble davantage être une direction qu'un but, sorte d'utopie de la pensée (ulogie?) puisque tout ne pourra (Ô limites humaines) jamais être dans tout.


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  • Edgar Morin

    J'ai voulu voir ce que proposait le tissé ensemble, la pensée complexe hors du champ théorique. (Merci àNicolas Marie pour le conseil)
    Bon, je suis assez déçu. En tant qu'enseignant, j'ai un peu l'impression qu'on m'a donné le programme sans les documents d'application.
    Quelques éléments intéressants, E.M. développe 7 champs de connaissance qu'il faut apprendre dans leur complexité. Certains domaines comme "enseigner la condition humaine" met en avant l'interrelation individu/société/espèce.
    J'ai bien aimé lorsqu'il a entamé avec "les cécités de la connaissance et l'illusion". En gros, il faut toujours douter.
    Mais bon, je n'ai rien vraiment trouvé de nouveau sous sa plume, le doute, la méfiance envers les paralogismes ne sont pas nouveau.
    Quant à "affronter les incertitudes", est à dire toujours élaborer des stratégies et "enseigner la compréhension", c'est-à-dire "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" (autre philosophe) me laisse pantois tant tout cela est pétris de bonnes intentions.
    Quand on connaît le temps des apprentissages pour arriver à un certain niveau de comréhension du réel (car il faut maîtriser nombre de domaines pour ne pas trop se spécialiser afin de pouvoir tisser les connaissances.)
    Donc, opuscule ambitieux, quoique creux à mon goût, prétendant offrir des nouveaux champs de compétences sans pour autant donner les clefs de ces apprentissages.


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