• 1942:
    "J'ai pensé dans le métro aujourd'hui : beaucoup de gens se rendront-ils compte de ce que cela aura été que d'avoir vingt ans dans cette effroyable tourmente, l'âge où l'on est prête à accueillir la beauté de la vie, où l'on est prêt à donner sa confiance aux hommes ? Se rendront-ils compte du mérite (je le dis sans honte parce que j'ai conscience exactement de ce que je suis ), du mérite qu'il y aura eu à conserver un jugement impartial et une douceur de coeur à travers ce cauchemar? je crois que nous sommes un peu plus près de la vertu que beaucoup d'autres".
    Hélène Berr, juive, appartenant à la bourgeoisie parisienne a 21 ans en 1942 lorsqu'elle commence à écrire son journal. Prise entre ses amours naissantes et l'horreur qu'elle vit au coeur de la capitale, elle livre ses pensées, ses témoignages dans une langue claire. 
    Elle est incroyablement lucide. Cela n'en est que plus tragique.


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  • Bon ça y est, lu David Sankariste
    Le livre tire son titre d'un concept de Reich, concept psychanalystique déjà abusif dès lée départ et qui ne sert pas le propos des auteurs, tant il est à côté de la plaque. Néanmoins, il ne sert que dans le premier (petit chapitre). C'est vrai que ça claque en titre.

    Livre à lire pour les convaincus ou pour essayer d'ouvir les yeux à vos amis sur cet abrutissement de masse. (pardon les amis)
    Il retrace tous les problèmes inhérents à ce sport, aujourd'hui phare du capitalisme moderne:
    - violence autour et dans les stades dans le monde entier
    - mercenariat, dénaturant la notion de club.
    - dopage
    - footeux transformés en hommes sandwichs au profit de grandes entreprises
    - nommage des stades
    - dépendance accentuée par la multiplication des matchs
    - augmentation du sens du "spectacle" par un quadrillage de caméras et des montages conçus pour.

    Et bat en brêche tous les thuriféraires du foot, c'est trop cool, c'est un vrai sport/spectacle populaire et démocratique:
    - Quel exemple pour les les enfants issus des classes populaires
    - nationalisme
    - C'est un spectacle très genré (ça c'est de moi)
    - Déconstruction des discours enthousiastes cherchant à intellectualiser ce sport.

    Le livre date de 2006 et depuis rien n'a changé si ce n'est en pire, sommes délirantes des transferts, procès pour fraudes fiscales, tricheries à la FIFA, achats de clubs par des capitaux étrangers (et sales)...

    Le football n'est que le nouvel opium du peuple qui malgré tous les démentis de ses afficionados, ne sert que les intérêts d'un tout petit nombre.

    Et puis quid, dans une société du loisir et du spectacle, alors que l'extrême centre tend à devenir hégémonique, d'une entreprise qui cherche à fondre l'esprit critique dans une émotion de masse?


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  • Du cochon génétiquement modifié installé dans des structures concentrationnaires surpiqués d'antibiotiques en tous genres (et s'il n'y avait que ça...)
    - des porcelets renommés "minerai" qui sont "toqués" si'ils sont jugés non rentables.
    - Du maïs pour le nourrir qui pollue et dénature les sols.
    - Du soja pour lui compléter son alimentation qui nous fait dépendre des marchés mondiaux.
    - Du lisier et des algues vertes que nous ne sommes pas capables de traiter
    - Du blé azoté qui fait fragilise les tiges qu'il faut ensuite modifier pour les empêcherde tomber.
    - de l'eau bien souvent impropre à la consommation
    - Des pommes, des pommes de terre modifiées donc fragilisées donc traitées pour les empêcher de s'abîmer.
    - Des agriculteurs prisonniers d'un sytème (grande distribution, coopératives) qui les pousse au productivisme en les obligeant à se surendetter pour gagner moins, premiers utilisateurs des produits phytosanitaires, poussés à la maladie et au suicide

    En gros, l'agriculture moderne productiviste ne fait que soigner les maladies dont elle facilite l'apparition.

    Ce livre se place sous les bons auspices des Shadoks, tant le système agricole (subventions, incitations...) s'entretient de manière irrationnelle.
    Bref, on sait ce qu'il ne faut pas manger

    Isabelle Saporta - le livre noir de l'agriculture


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  • J'ai bien pensé à Raph Slp pendant la lecture.
    Bon, le titre est très mode, la fabrique étant le système qui crée, met en place...
    Tentative de description exhaustive de ce qui fait de Marseille une grande productrice de misère.
    Cela commence en une langue de polar, par la description des faits terribles qui se déroulent dans les cités du nord de Marseille. trafics en tout genre. Cela se terminant par le terrible meurtre d'un fils et de son père tous deux abîmés et prisonniers de leur milieu.
    Puis la langue se fait plus journalistique et le livre décrit jusqu'au sommet les trafics d'influence, les corruptions, les réseaux qui gangrènent la ville (Andrieux, Gaudin, Guérini).
    Je m'attendais peut-être à une étude plus carrée. Néanmoins, cela jette l'ambiance de totale délétion dans laquelle évolue la ville qui ne laisse pas présager un avenir plus serein.

    Philippe Pujol - La fabrique du monstre


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  • LTI

    LTI
    Lingua Tertii Imperium (La langue du IIIè Reich)
    Ce n'est pas comme je l'avais cru une étude a proprement parler, entraînant d'abord une petite déception.
    Victor Klemeperer (le frère d'Otto) était philologue, spécialiste de la littérature française du XVIIIè. Il était juif, marié à une non juive et il habitait à Dresde. C'est sa situation conjugale qui l'a sauvé des rafles qui se faisaient de plus en plus pressantes et c'est ironiquement une rafle qui le sauvera d'une mort quasi certaine lors du bombardement de Dresde.
    Le pouvoir nazi rejettant alors ses qualifications le relégua à des postes de manutentionaire pendant toutes ces années, l'empêchant de posséder des livres de "non juifs" ou de pratiquer son métier. Et pendant toutes ces années, tel un instinct de survie, il tiendra un journal, sorte d'analyse au quotidien de ce qu'il connait le mieux, c'est à dire la langue.
    Ce livre n'est pas à proprement parler le journal qu'il a tenu mais une réécriture. Klemperer choisit des thèmes et les décline en fonction de ce qu'il a lu, de ce qu'il a entendu. Il analyse la manière dont cette langue (simpliste, de slogan, à thème imprègnant les personnes de son entourage, lui-même aussi d'ailleurs remarque-t-il parfois.)
    Ce n'est pas évident à lire, tant il y a des références qui me manquent (auteurs allemands) et tant les analyses se font sur la langue allemande (bravo à la traductrice d'ailleurs).
    Il y a des chapitres très intéressants sur "je crois en lui", sur le fanatisme (de fanum sanctuaire).
    En filigrane s'érige une sorte de vigilance concernant les discours totalitaires, mais aussi finalement, concernant tous les discours. Il faut ête attentif à la manière dont un discours à travers toutes ses formes (lexique, procédés stylistiques, champs lexicaux, thèmes) devient majoritaire et donc totalitaire (sorte de dictature douce), prétendument sans alternative parce que le langage est la pensée et que la pensée est articulée par le langage et qu'en ces temps où nous sont imposés des thèmes dits inévitables (sécurité, flexibilité de l'emploi, intersectionnalité, féminisme contemporain...) et que les hommes politiques sont conseillés par des spécialistes de la manipulation (publicitaires, conseillers en communication mais aussi universitaires), ces discours nous enferment, nous aveuglent et parfois nous rendent complices malgré nous.

    LTI


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